La propagande la plus tenace de notre société travailliste, c’est de s’imaginer que les relations humaines sont vouées à se désagréger si elles ne sont pas entretenues par une économie de croissance et une politique du tout-emploi.
L’argument majeur c’est : l’homme est un loup pour l’homme. On aime toujours à penser que le voisin est plus malhonnête que nous.
Actuellement, j’ose avancer l’hypothèse qu’en dehors de toute tendance naturelle à la domination, ce qui peut pousser l’homme à être le plus inhumain, c’est le manque, la pénurie, l’avidité, la frustration.
L’argent est la cause majeure. Ecoutez un JT. Ecoutez les gens autour de vous. Quand il y a un problème, il s’agit 9 cas sur 10 d’une question d’argent. Et si l’on gratte un petit peu la surface de certains problèmes, on peut même arrondir à 9,5 cas sur 10.
La majeure partie des crimes dont on vous fait l’étalage a pour vocation l’argent ou la possession matérielle.
Le tout emploi est une utopie ainsi que le signale l’article, ne serait-ce que parce qu’on tend vers le « tout technologie ».
On aime à dire que les écolos-bobo-hippie ne sont pas progressiste, mais les travaillistes du tout-emploi dans leur genre, sont prêts à tout sacrifier pourvu que le saint travail soit distribué à tous, comme le pain du Christ.
Ainsi que le disait Arendt, on se dirige vers une société de travailleurs sans travail. Ce qui est inquiétant, c’est pas que l’emploi disparaît ; C’est que les gens ne sont pas prêts à le voir disparaître du tout. Parce qu’on ne sait plus faire autre chose que travailler. Tout s’acquiert par le travail. Même l’estime des autres.