Pour celui qui voit tout à la loupe du libéralisme :
Le thatcherisme a permis une augmentation du niveau de vie moyen britannique mais le « style abrasif33 »
de Margaret Thatcher a également entraîné des conséquences sociales
critiquées. L’historien François-Charles Mougel le résume ainsi : « À
l’actif : la libération des initiatives, la baisse de l’inflation, des
subventions et des charges, la reprise de la croissance et de l’emploi,
la paix sociale et une hausse globale du niveau de consommation et de
vie. Au passif : la désindustrialisation, les inégalités sociales,
régionales et professionnelles, la vulnérabilité des entreprises, des
personnels et des secteurs, les effets risqués de l’ouverture à
l’étranger et l’excessive suprématie de la valeur-argent. »34
Le décile inférieur a vu ses revenus baisser d’environ 10 % alors que
les revenus de tous les autres déciles ont augmenté : + 4 % pour le
deuxième décile mais + 60 % pour le premier décile35.
La proportion de familles vivant en dessous du seuil de pauvreté (50 %
du salaire moyen) est passée de 8 % en 1979 à 22 % en 1990, et la
pauvreté infantile a doublé, un enfant sur trois vivant sous le seuil de
pauvreté36. Cette évolution traduit une augmentation des inégalités de revenu ce qui fait dire à l’historien marxiste britannique Eric Hobsbawm
que « le sort des 20 % d’ouvriers du bas de l’échelle devint bel et
bien pire [dans la Grande-Bretagne de Mme Thatcher], en comparaison du
reste des ouvriers, qu’il ne l’était un siècle auparavant37 ». Cela est dû selon le PNUD
aux « changements dans la distribution du revenu », à la moindre
redistributivité des politiques fiscales ou à l’évolution des structures
familiales. Jean-Pierre Delas ajoute que, si « l’immense majorité a vu
son revenu augmenter à peu près comme le PIB », les plus favorisés
augmentent plus rapidement38.
En outre, les quartiers déshérités des grandes villes ont été le théâtre d’émeutes violentes (Toxteth à Liverpool en 1981, Brixton à Londres en avril 1981 et septembre 1985)39, révélateurs de tensions et de problèmes d’insertion dans la société britannique40, comme a pu également le montrer le développement du hooliganisme.