Dans un autre article sur Kim Jong-il, j’ai cherché à démontrer que parfois il faut montrer ses muscles pour parvenir à ses fins. Sous Clinton, la démarche américaine a été de favoriser, après une courte crispation, la détente avec la Corée du Nord. L’intervention de Carter a été salutaire. Sous Bush, la démarche américaine a été de favoriser la provocation (l’axe du mal). L’intervention de Kelly a été néfaste.
Les conséquences ont été multiples. Cette provocation inutile a mal desservi les américains. L’Amérique n’est plus le grand arbitre de la paix dans le monde. Sa réputation est à ce point meurtrie qu’elle est affaiblie dans toutes ses grandes opérations stratégiques. Il faut seulement constater les difficultés qu’a l’Amérique d’obtenir des participations militaires d’alliés dans ses opérations d’intervention.
L’Amérique a acculé Kim Jong-il aux extrémités. Elle a fini par réaliser l’impact de sa politique d’exclusion lorsque Kim Jong-il a testé en sous-sol sa première bombe. Encore une fois, l’Amérique n’a pas fait plier la Corée du Nord mais elle a déstabilisé toute la région, bafouant tous les efforts de la Corée du Sud pour une réunification. Le Japon s’est soudainement senti menacé par l’arme nucléaire de la Corée du Nord.
Que fait l’Amérique avec l’Iran ? La répétition des mêmes erreurs stratégiques ! Rien de moins.
Mettre au ban l’Iran la conforte dans son idée de se défendre à n’importe quel prix. Sentez-vous attaqué, vous voudrez vous défendre. La dénomination de l’axe du mal - vision manichéenne - met en présence deux factions religieuses et non des factions politiques. L’Islam contre le judéo-christianisme. Les ayatollah contre les néoconservateurs. Georges W. Bush est parti en croisade, oubliant et négligeant au premier chef son rôle d’arbitre de la paix dans le monde. De croisé il est devenu guerrier. Au nom de la bible, la paix a cédé le pas au casus belli.
Si l’Iran poursuit et met en place une arme nucléaire, elle en saura gré qu’au seul aveuglement d’une faction qui, au lieu de favoriser la détente, met le doigt sur la détente. Le rapport Baker Hamilton l’expliquait fort bien. Les pétro-dollars ont sonné très fort dans le clan néoconservateur entourant la présidence.
Que ce soit purement symbolique ou réelle, qu’elle soit respectée ou non, Kim Jong-il a démontré que plier le genoux devant les États-Unis, lorsqu’on bénéficie d’une position géostratégique comme la sienne, n’aurait mené nulle part.
Et pour bien le comprendre, il faut regarder, au-delà des personnalités politiques, qui étaient autour de la table pour tenter de réparer les pots cassés : la Chine, la Russie, le Japon, la Corée du Sud. Tous ces pays étaient directement concernés par la provocation inutile des américains.
J’ai utilisé le terme Amérique pour la raison suivante : le Grand Empire de ce côté-ci de l’Amérique n’a plus de royaume et de sujets inféodés. IL y a discorde dans la demeure qui le met sérieusement à mal.
Pierre R.