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Commentaire de Morpheus

sur ZERO % MONNAIE


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Morpheus Morpheus 13 avril 2013 13:46

Oui Spartacus, je sais qu’une idée encore fort répandue est que « l’argent n’est qu’un outil », et j’ai longuement réfléchis à cette question, jusqu’à comprendre réellement la FONCTION de cet outil, autrement dit : quel usage cet « outil » justifie-t-il.

Il serait peut-être intéressant de pousser la réflexion plus loin. Peut-être devrions-nous revoir les origines de l’invention de la monnaie.

Au départ, avant la monnaie, les sociétés humaines, souvent nomades ou semi-nomades, sont en grande partie autonomes. L’espace est suffisant, mais comme elles n’occupent pas un vaste espace, elles ne disposent que de certaines ressources. De ce fait, il arrive qu’elles procèdent avec des sociétés voisines à des échanges de denrées.

C’est donc la combinaison entre d’une part la sédentarisation, d’autre part la nécessité des échanges de denrées dus à la « pénurie » de telle ou telle denrée dans le rayon d’action des diverses sociétés / cités qui fait que l’on a un jour inventé la monnaie.

pénurie relative + sédentarisation + échange >>> monnaie

1. La pénurie est « relative » parce qu’elle concerne une portion de territoire qui ne peut fournir toutes les ressources. C’est ce facteur qui est à l’origine des guerres, de la colonisation, de la spoliation, etc.

2. La sédentarisation est l’origine de ce que nous appelons « civilisation », c’est-à-dire littéralement « ceux qui vivent dans la cité ». Cela a entraîné une inversion dans les rapports de l’homme à l’environnement : pour les nomades et semi-nomades, la symbiose avec l’environnement naturel est nécessaire à la survie et fait donc partie des comportements « naturels » (ce que nous pourrions appeler >nature humaine<) ; pour les sédentaires, le remodelage et le contrôle de l’environnement est nécessaire à leur survie ET LEUR DÉVELOPPEMENT (c’est la sédentarisation qui entraîne une importante hausse de la natalité, celle-ci entraînant une hausse des besoins en ressources, qui entraîne à son tour la nécessité d’étendre le domaine d’exploitation de la cité - c’est-à-dire l’expansion -, ce qui entraîne les conflits avec les cités voisines, etc.

3. Les échanges procèdent d’une certaine logique qui en elle-même constitue un paradigme de pensée. Dans un échange, nous gagnons un bien, mais nous en perdons un autre en échange. Cela peut sembler équitable. Mais y aurait-il une alternative à cela ? Peut-être que oui dans une autre notion : le partage. Dans la logique du partage, lorsque deux personnes partagent chacune un bien, chacune profite de deux biens, au lieu d’en gagner un et d’en perdre un autre.

L’une des idées qui me semble figurer parmi les plus importantes dans la société sans monnaie est précisément ce principe de partage des biens.

En dehors bien entendu des ressources consommables (la nourriture, les énergies non renouvelables, etc.), la plupart des biens ne nécessitent pas que nous les possédions, mais que nous puissions en avoir l’usage lorsque cela nous est nécessaire. L’exemple type est la voiture : nous n’avons pas réellement besoin de posséder une voiture, nous avons seulement besoin de disposer d’une voiture lorsque nous devons nous déplacer. Il en va de même de toute une série d’outils, d’équipements sportifs, etc.

Il est frappant de constater à quel point nous nous encombrons d’un tas d’objets qui ne nous servent, si nous regardons de plus près, que très peu. Et comme le dit Tyler Durden dans Fight Club « Ce que tu possèdes finit par te posséder ».

En passant d’une société monétariste à une société sans monnaie, nous passerions d’une société d’échange à une société de partage. Or, en y réfléchissant, le partage nous rend collectivement plus riche que l’échange, et je pense que cette idée pourrait être mathématiquement démontrée (je laisse cette tâche à un gentil virus mathématicien).

Pour conclure, si « l’égalitarisme est fille du marxisme », comme vous dites, alors il faut croire que je suis marxiste smiley Le truc c’est que je suis démocrate donc anarchiste, et que la conception d’une société sans monnaie est aux antipodes du marxisme. Marx n’a jamais analysé les choses que sous l’angle d’une économie monétisée.

La monnaie n’est qu’une forme de ticket de rationnement. Elle induit des comportements, des mentalités et une façon de penser le monde complètement perverse.

Cordialement,
Morpheus


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