Merci pour vos commentaires, remarques et questions, auxquels je vais m’efforcer de répondre
1) Concernant la question sur la valeur relative de la monnaie : en elle même (intrinsèquement), une monnaie (papier, pièce, reconnaissance de dette, ...) n’a pas de valeur en ce sens que, en dehors de conventions communes accordant une certaine valeur à ces monnaies, elles n’ont pas d’utilité dans la vie. L’argent nous semble, dans notre actuelle société, indubitablement utile car les États nous imposent celui-ci comme moyen de transaction sans lequel nous ne pouvons rien obtenir (t’as pas d’argent, t’as rien). C’est par convention imposée par des lois que l’argent acquiert une valeur.
Dans cette optique, nous pourrions éventuellement considérer que la convention monnaie constitue, comme le mètre, une sorte d’étalon de mesure pour évaluer les biens et les services. L’ennui est qu’en aucun cas la monnaie ne constitue un étalon, puisque pour être valable, un étalon doit avoir une valeur FIXE reconnue et acceptée par tous. Or, rien n’est plus variable que la valeur de la monnaie (principe de l’inflation). Par conséquent, la monnaie n’est pas un étalon de mesure fiable de la valeur des biens et services. En soi, cela rend déjà le principe bancal. Mais apposé aux principes de l’économie de marché (la « loi » de l’offre et de la demande), cela rend cette convention intrinsèquement caduque. C’est la raison pour laquelle j’ai précisé au point (7) que sans lois contraignantes, ce système ne fonctionnerait pas, tant il est défectueux et irraisonné.
Donc, pour répondre en une phrase à votre question : la monnaie n’a aucune valeur, sauf si l’on nous impose la monnaie comme seul moyen d’obtenir les ressources dont nous avons besoin (ce qui nous rend entièrement dépendant de la monnaie pour tout).
Comment puis-je affirmer, au point (5), que la monnaie doit être rare pour avoir de la valeur, si je considère qu’elle n’en a pas ? Mon explication ci-dessus devrait déjà vous avoir fait entrevoir la réponse à cette question. Je reprends donc mon raisonnement :
a) la monnaie n’a pas de valeur intrinsèque (elle ne nous est pas utile sans convention imposée)
b) pour qu’une monnaie quelconque acquiert de la valeur, il faut donc d’abord l’imposer comme seule moyen d’acquisition des biens et services, ensuite établir une valeur relative.
c) dans le principe de la loi de l’offre et de la demande, comme la monnaie sert à gérer la pénurie (le fait qu’il n’y en a pas assez pour tous) - tel une sorte de « ticket de rationnement » - alors, pour que les gens accordent de la valeur à la monnaie ET au biens et services transformés en marchandises commercialisables (en vue de faire du profit), il faut qu’elle soit rare. Un bien qui est abondant perd de sa valeur ; un bien rare gagne de la valeur. Si la monnaie est rendue INDISPENSABLE pour obtenir tout ce dont nous avons besoin, et si nous devons rationner la distribution des biens et services, alors la monnaie elle-même doit être rare. Si elle était abondante, tout le monde pourrait avoir tout ce qu’il veut, et comme nous sommes dans une société qui pousse à la consommation et au gaspillage intempestif (nécessité de croissance exponentielle), il n’y aurait assez de rien : le système s’effondrerait. Ceci répond également à votre question suivante (point (6) ).
Les lois du point (7) sont les lois qui imposent l’obligation d’accepter la monnaie en payement de biens ou de services. Tous les pays ont de telles lois. De plus, ces lois imposent l’usage, soit d’une monnaie nationale (à l’exclusion de toute autre) soit une monnaie commune (comme l’euro), à l’exclusion de toute autre.
Je termine en faisant remarquer que dans un échange (sous forme de troc), on acquiert un bien en en perdant un autre, tandis que dans le partage, chaque partie de la transaction (chacun) dispose de deux biens.
Cordialement,
Morpheus