Il y a une chose a comprendre au sujet du RPR-UMP, le grand parti de droite.
Ce n’est plus un parti gaulliste depuis longtemps. Le RPR était chiraquien sous Chirac, puis Balladurien et maintenant Sarkoziste. Ce parti ne porte plus d’idéologie politique depuis les années 70, c’est devenu une machine électorale géante.
Politiquement, le parti est toujours libéral, tatchéro-reaganien avec une variant interventionniste propre à la France.
C’est l’idéologie du laisser-faire, de la mise en avant de l’économie de marché mais surtout de la croyance que l’ Etat n’est pas la solution, mais le problème.
Il en découle que quand ce parti est au pouvoir, son premier sujet est d’affaiblir le service public.
Officiellement pour redresser les comptes du pays. En réalité, pour vendre ce secteur à la découpe aux entreprises privées. C’est l’idéologie du « les dettes au pays, les bénéfices aux entreprises »
A leur décharge, il faut reconnaitre que le système souffrait de maux chroniques : le refus de toute réforme par les syndicats rendait le service public de plus en plus anachronique et couteux à exploiter et entretenir. Et l’ Etat ne peux pas être responsable de tout. Quel intérêt à posséder des entreprises de fabrication de téléviseurs ? Ce n’est pas le rôle du pays de produire des machines à laver.
Leur étant impossible de vendre cette idéologie, le RPR a très tôt investi un terrain sensible pour les électeurs : la sécurité. Ce fut le double effet kiss-cool : la gauche était empêtrée dans une idéologie Bisounours, certains de leurs chantres rendant les agresseurs encore plus victimes que ceux qu’ils avaient dépouillé. Ils étaient minoritaire mais très audible, ce qui nuit à la Gauche.
Une fois aux commandes, le dépeçage pouvait commencer. L’élection ayant été facilitée par la rengaine « vous payez trop d’impôts, on va vous rendre l’argent » qui fait mouche à chaque fois.
Sauf que l’argent qui manque au service public entraine un creusement du déficit.
C’est le cycle infernal : on réduit les impôts. Donc plus d’argent pour financer le service, d’ou le recours à l’emprunt. Après un moment, on montre au pays « regardez cette dette, on ne peut pas continuer comme cela, il faut fermer le service. » On le ferme, et on dévolue le service à une entreprise privée qui va exploiter le service. Comme c’est devenu un service marchand, sa priorité n’est pas le service du public, mais la réalisation de bénéfices. Bénéfices qui ne retournent pas dans le pays car l’entreprise a pris soin de fonder une filiale au Luxembourg ou dans un autre paradis fiscal. Et c’est comme ça ou sinon les chinois ils vont tout nous manger. Imparable.
Bien entendu, reste le problème de l’élection suivante. Pas de soucis, la Sécurité est là pour cela.
Dans ce domaine, il faut faire de l’esbroufe. Hors de question de bouter les mafias hors du pays. Le RPR a BESOIN de l’insécurité car l’évasion fiscale, les dirigeants de plus en plus riches et payant moins d’impots que leur balayeur, cela finit par se voir quand même, Koh-Lanta ou pas.
Le but du RPR est donc d’occuper le terrain médiatique, en montrant parfois ses gros muscles. Quand un drame survient, il faut faire croire qu’on est dessus. On fait voter une loi, qui reste inappliquée faute d’avoir publié les décrets qui vont avec. Mais c’est pas grave, c’est pour le show. Le RPR doit garder des dealers dans les cités sinon leurs habitants n’iront plus voter pour eux.
Bien entendu, ce système est allé au bout de ses limites. Le RPR usait de l’excuse « c’est la faute des socialos qui ont ruiné la police » pour justifier de son manque de résultats. Crédible les premières années, pas au bout de 10 ans.
Pour pallier à ce manque, le RPR s’est donc attaqué aux immigrés, responsables de tout, bien entendu. Ce qui lui a permis de pomper un temps les voix du FN. Mais là aussi, cela finit par se voir.
Agissant ainsi, l’ UMP s’est dangereusement approché du Trou Noir. Le gros bateau est tiraillé de toutes parts. Il peut encore s’éloigner, mais il perdra des adhérents en pagaille. S’il se rapproche encore, il tombera dans l’escarcelle de Marine. Du moins une partie. L’autre tentera de survivre seul ou de se rapprocher du centre, de Borloo et pourquoi pas Bayrou.
La fuite en avant a jeté l’ UMP sur les écueils du marinisme. Sa coque est déchirée et seule la situation mauvaise du pays l’empêche encore de couler. Mais à la moindre embellie, c’en sera fini.