Il y a un point qui a été contesté hier soir par Attali,
celui de l’exemple que pourrait donner la France pour changer de cap.
De par ma profession je connais assez bien l’Allemagne où j’ai vécu assez
longtemps. La politique économique est dirigée actuellement par Schäuble et
relayée par Merkel (Wolfgang Schäuble est paraplégique depuis qu’il a reçu une
balle lors d’un meeting électoral, non loin de Strasbourg, son intransigeance s’explique
peut-être aussi par ce qu’il endure en permanence dans son corps). Tout cela
pour vous dire : 1) que les ministres fédéraux ont beaucoup d’autonomie dans la
gestion de leur minitère, 2) que la chancelière a pour fonction de fixer les
grandes lignes et de coordonner l’action du gouvernement, 3) que le ministre
des finances est de plus en plus isolé, même par rapport aux banques et à
l’industrie. Il n’est plus soutenu que par la classe moyenne supérieure qui a
beaucoup « économisé » et pourrait tout perdre dans une crise grave
(que l’on attend encore).
Comme un grand nombre d’observateurs, je pense que l’Allemagne est mûre pour un
changement de politique économique et financière, c’est-à-dire pour mettre fin
à l’austérité. D’autres pays comme le Portugal et l’Espagne ont déjà dit Non à
certaines mesures austéritaires que la Troika voulait leur imposer.
Ne peut-on pas penser, dès lors, Monsieur Attali, que si la France avait une attitude
claire et ferme, beaucoup en Europe seraient heureux que l’on mette fin à cette
mascarade ?
Et les plus soulagés (dans un premier temps) seraient les USA et la Chine qui nous regardent
avec beaucoup d’inquiétude et voudraient savoir quand l’Europe mettra enfin de
l’ordre dans ses affaires en réglant ce problème de dette par un défaut total
ou partiel. Dans un deuxième temps, il faudra revenir sur la proposition
chinoise (pas US, bien entendu) d’une nouvelle monnaie pour les échanges
internationaux.
Bref, si un grand pays comme la
France déclarait : On arrête tout et on change de direction,
beaucoup seraient soulagés, les peuples, mais aussi les plus riches qui savent
bien que ça ne peut pas durer indéfiniment (observez la mauvaise conscience de
Bill Gates qui n’arrête plus de ’donner’ des milliards ici et là, il sait bien
qu’il ne les emportera pas dans la tombe !).