« Le Qatar nous impose le Premier ministre »
L’opposition syrienne non islamiste ne supporte plus les ingérences de cet allié jugé trop gourmand.
Plusieurs représentants de l’opposition syrienne ont interprété la nomination de Ghassan Hitto au poste de Premier ministre du gouvernement intérimaire [de l’opposition] comme une tentative du Qatar d’imposer son autorité au détriment de l’opposition dans son ensemble. Cette décision suscite des résistances et une grande division au plan national.
Certains membres de la Coalition nationale syrienne (CNS) ont quitté la salle au moment du vote, d’autres se sont abstenus. Les luttes de pouvoir paralysent de nouveau l’opposition syrienne et le chaos ne semble pas loin alors que les dirigeants cherchent toujours une issue possible à l’actuelle crise politique.
En annonçant sa démission le 24 mars dernier, le chef de la CNS, Ahmed Moaz al-Khatib, a publiquement accusé certains pays de chercher à contrôler l’opposition syrienne.
Faible opposition
S’il s’est bien gardé de toute référence explicite, bon nombre d’observateurs pensent qu’il soupçonnait particulièrement l’émirat de chercher à contrôler l’opposition en soutenant les islamistes contre leurs camarades de la CNS et en imposant Ghassan Hitto [un islamiste qui vit au Texas] au poste de Premier ministre du gouvernement intérimaire.
Le militant syrien et membre de la CNS, Ghassan Yassine, confirme ces soupçons et juge lui aussi que la nomination de Ghassan Hitto est une décision du Qatar qui cherche ainsi à renforcer son influence au sein de l’opposition.
“L’opposition reste faible en raison de sa présence réduite dans le pays et de son incapacité à transmettre efficacement ses nouvelles idées, explique-t-il. Malheureusement, certains continuent à exploiter cette faiblesse pour protéger leurs intérêts personnels avant la chute d’Assad”.
Le Qatar et l’Arabie saoudite ont tous les deux leurs « protégés » au sein de l’opposition et l’impasse dans laquelle se trouve actuellement le mouvement n’est que le résultat de leurs querelles intestines.
Source :
http://www.courrierinternational.com/article/2013/04/18/le-qatar-nous-impose-le-premier-ministre