@ Mortelune :
"Le problème avec l’esthétisme c’est que l’on essaye de nous faire croire
que ce qui est beau ou moche pour une personne vaut pour tout le monde."
Je ne vois pas que ce soit le cas ici.
La question n’est pas d’éviter de juger : la moindre honnêteté doit nous faire reconnaître que nous le faisons constamment. Il s’agit d’un jugement esthétique et non d’un jugement de valeur sur la qualité de la personne. Ce processus est profond : le sentiment de la beauté de l’autre touche des zones auxquelles la raison n’a pas accès. Et il ne me semble pas correct de nier le besoin de plaire par le corps. A moins de développer un surmoi gros comme une montagne ! 
Le dévoilement de l’intime est dans notre société. Pas seulement en ce qui concerne les corps : ce dévoilement-là n’est que la suite du dévoilement de l’intime émotionnel ou de l’âme, dont la culture est remplie de longue date. Accepter sans tiquer que Proust parle de ses souvenirs d’enfance et de ses états d’âme et tiquer dans la représentation du corps et de ce qu’il inspire est peu cohérent, au fond. C’est encore la trace de la séparation corps-esprit, héritage des grecs repris par les chrétiens. On peut revenir au temps des corsets, des robes longues. Non, pas cela ! Mais alors où pose-t-on la limite, et qui la pose, et au nom de quoi ?
Si l’on trouve que Proust apporte quelque chose à la représentation de l’humain, la mise à nu du corps devrait être considérée de même. Ma compagne ou ma fille pourrait aller montrer son histoire dans l’étalage glauque de Toute une histoire ou dans n’importe quel talk show, et pas son corps ? Qu’a donc le corps de si mauvais, de quel traumatismes est-il encore imprégné, pour qu’il soit traité aussi mal ? Pour que tant de jugement aussi négatifs émaillent cet article, au point ou l’on se demande si l’on n’est pas revenu aux grandes heures de la religion triomphante ?
je trouve l’étalage des invités de Sophie Davant navrant : faire ainsi sa thérapie devant des gens invisibles qui s’en foutent, c’est grave. Si l’on veut voir une perversion quelque part, c’est là.
Je n’aurais pas envie que ma compagne aille se montrer dans une telle émission. Non parce que je trouve cela mal, dégradant ou humiliant. Mais parce que la tête des gens est encore majoritairement pleine de merde et que cette merde est toxique. D’ailleurs poser la question c’est déjà admettre que la société est pleine de merde et que l’on doit s’en protéger, surtout quand il est question du corps.