Mon village d’en-France.
L’âme niaiserie !
C’est un village lové au creux de ce Fleuve impétueux que j’ai toujours chéri. Un Château fort qui s’est paré de la délicatesse d’une renaissance discrète, célèbre la Loire en s’en protégeant par des douves paisibles. Un pont qui ne fut pas le mien, remplace son prédécesseur, suspendu au dessus de l’eau jusqu’à un jour de trop grand gel !
La belle demeure de Maximilien, le Duc de ces lieux, héberge chaque année un festival de musique prisé du mélomane. Le lundi, le canton se presse sur les foirails pour un marché foisonnant, grand Capharnaüm de tissus, de bibelots et de nourritures variées. Rien n’empêcherait les gens du Sullias de se rendre à ce rendez-vous inscrit dans les gènes locaux.
Le village est devenu petite ville, il a grandi autour de cet ovale enserré par ces boulevards et sa grande rue commerçante. Le Château et son parc constituèrent l’échappée sage des autochtones en mal de sortie. La Loire se réservait les plus aventureux, son amont y est sauvage, inquiétant et le plus souvent abandonné des hommes.
Porte d’une Sologne toute proche et d’un Berry pas si éloigné, il ouvre le bal à ce Val langoureux qui vous conduira par Saint Benoît et Germigny des Prés jusqu’au plus lointain de notre passé médiéval. La levée se dresse, fierté de ce Ministre Royal qui pris le nom de sa bonne ville, elle protège des colères de ces crues soudaines et violentes, elle accueille maintenant le cycliste itinérant, sur un terrain si plat, que le grand vent de galerne devient col infranchissable.
Il ne faut pourtant pas lui tourner le dos. Vous apercevriez alors de vilaines tours crachant la fumée d’une fission nécessaire à une modernité qui a, en ses premiers temps, mis nos mariniers à quai. De trop rares fûtreaux lancent la grand voile carrée pour commérer la lenteur d’un Monde allant encore à son pas.
J’ai grandi au cœur de ce village, avec une fois par mois par les cris stridents des cochons qu’on négoce. Souvent, c’était la cardeuse paternelle qui réveillait le voisinage pour qu’avant le soir, le matelas de laine puisse accueillir le sommeil des siens. Je n’imaginais pas alors devoir quitter ce bonheur simple, ce village où le temps prenait la vie à l’endroit.
Depuis, j’ai intégré l’austère Cenabum. Cette préfecture inhospitalière qui se pense encore capitale d’un royaume déchu. La Loire y est prisonnière des exigences commerciales, un dhuy détourne son cours, un canal s’enfuit vers la capitale réelle, un chemin de fer confus, termine sa voie au cœur des embouteillages inextricables.
En mon village, le dimanche était jour d’activité, de commerce ou de messe. La ville s’éveillait et jusqu’à l’heure apéritive, elle bruissait des conversations, des rencontres espérées ou des plus occasionnelles. Les gens s’y mélangeaient sans souci des couches sociales, des fonctions ou des origines qui n’étaient pas encore barrières infranchissables.
En notre grande ville, le dimanche est jour de morosité, un désert dépressif balayé par le vent qui s’engouffre jusqu’à la cathédrale. On ne discute pas, on se rencontre pas, on ne se mélange pas. Chacun chez soi ; Dieu reconnaîtra les siens et brûlera les autres ! Même l’héroïne inévitable de ce lieu figé à jamais en son passé glorieux eut droit à ce traitement fâcheux !
Je ne suis pas certain que mon village d’antan soit demeuré le même. Ce que son maire actuel a pu déclarer lors du débat inique proposé par le félon ministre, m’incite à redouter la fin de cette harmonie des hommes. Partout la disharmonie, la méfiance, le silence et la peur ont pris le pas sur la concorde de mon Sully d’alors.
Sulliassement vôtre.
15/05 10:24 - C’est Nabum
15/05 09:27 - Nathael Dunevy
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15/05 07:05 - C’est Nabum
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15/05 06:29 - Nathael Dunevy
C’est Nabum ...jeune peu, mon an péché, je voua hâte, où deux traves errent. . (...)
15/05 06:27 - C’est Nabum
15/05 06:26 - C’est Nabum
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