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Commentaire de Loatse

sur Souvenirs de Mai 68


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Loatse Loatse 15 mai 2013 14:34

Mai 68, je n’y ai rien compris, j’avais 10 ans... Nous habitions à l’angle de la rue jean de Beauvais (soit tout à coté du boulevard saint germain et de saint michel)...

Les parents étaient priés de venir nous chercher à l’école.. La rue n’était plus sûre mais qui donc étaient « les méchants » ? :)

De ma fenêtre, le matin, j’apercevais des choses carbonisées encore toutes fumantes sur le boulevard saint germain, me rejouissant que les platanes n’aient pas brûlé.. Des petits monticules de pavés se trouvaient de ci de là abandonnés.. des cars de crs stationnaient en permanence place maubert...

Puis un jeudi (jour des enfants), ce fut l’enfer... J’ai toujours en mémoire l’image de cet étudiant , rue du sommerard , trainé par les crs qui tentaient de le faire se mettre debout à coup de bottes dans le bas des reins, tandis que l’un d’entre eux lui matraquait la tête..
 Je me doutait bien que ces mêmes crs recevaient moult pavés mais tout de même, ce premier contact visuel avec la violence me laissa perplexe..

Il faut dire qu’à cette époque (bénie), l’on pouvait parcourir paris de long en large en métro, à pied, en voiture sans craindre pire que la rencontre d’un exhibitionniste dans les couloirs du métro, ou se faire voler son porte monnaie au marché (chose rarissime toutefois)

Le « vieux campeur brûla ». L’enfant que j’étais se demanda comment tous ces chevelus qui ne rêvaient que de partir à Katmandou, pourrait alors se procurer le matériel adequat :), gourdes en alu, tentes ketchua, chaussures de marches...

Les membres de ma famille ne cessèrent pendant cette période troublée de se rendre à leur travail, moi à l’école... Les voisins (russes, polonais, bretons) ne s’aimèrent pas plus que d’habitude.. soit bien ! :)

Quand à mes ainés, ceux qui ont connu la guerre, ils n’avaient pas de mots assez durs contre « cet allemand qui venait fichre le bordel en France » : Cohn bendit)

Bref, j’ai le souvenir d’une parenthèse un peu folle (bien que violente), du boulevard saint germain envahi de l’odeur piquante et tenace des bombes lacrymogènes qui nous faisait pleurer, de l’apparition peu de temps après ce mois ci des robes longues et fleuries dans nos rues, de toutes ces choses qui venaient d’Inde (encens, sacs, tuniques), de parfums de ces encens que l’on trouvait partout.. et qui ouvraient soudainement paris sur les sommets himalayens.. une bouffée d’ère ? ;)

Tandis que d’autres soixante huitards préparaient leur départ pour la lozère... rêvant d’échanger leur avenir boulot métro dodo par la vie en communauté dans de vieilles fermes à retaper (sans confort) dans lesquelles ils pourraient renouer avec la nature en faisait pousser chêvres et choux entre deux pétards..

La plupart sont revenus désanchantés, troquant robes fleuries et pataugas contre tailleurs et costumes de ville, mais on ne sait pourquoi Paris garda longtemps en ses murs ce parfum de liberté que drainaient ces « chevelus qui n’aimaient pas l’école »... (ce que j’en avais compris à l’époque :)

Ce qu’il se passait rue Gay Lussac, du coté de la sorbonne, nous le découvrions le soir au journal télévisé.. merci à vous, Hamid de nous avoir fait partager votre mai 68...





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