Bonjour, fort bon traitement d’un excellent thème.
Maintenant, je ne crois pas trop au machiavélisme extrême de la propagande hollywoodienne. Si certains films sont clairement inspirés ou encouragés par des officines étatiques (comme les récents opus sur la traque de Ben Laden, mais aussi des films plus anciens comme Vol 93 ou bien sûr Top Gun), l’énorme masse de la propagande résulte simplement de la loi de l’offre et de la demande auprès d’un public américain drillé à l’entertainment et au ressassement des mythes culturels américains (désintéressement patriotique des soldats américains, sens du sacrifice, résilience, prévalence et légitimité de l’initiative personnelle sur le conformisme général, et surtout, le moto éternel, « quand on veut on peut »). Toute cette propagande est essentielle, non tant pour préparer la guerre extérieure que pour éviter la guerre intérieure, celle des démunis qui pourraient réfléchir et contester la mauvaise répartition des richesses et des mérites. A noter d’ailleurs que lorsque le drame est domestique, intérieur à la nation, les mauvais sont systématiquement du côté du gouvernement (car un gouvernement, c’est quand même une organisation civile, un embryon potentiel de bolchevisme).
Hollywood produit parfois des films notoirement dissidents, comme par exemple « Three Kings » sur la première guerre du Golfe, Falling Down sur une société broyant ses bons éléments, Margin Call sur les ressorts de la crise financière, etc. Certains sont carrément subversifs, comme les cultissimes Robocop ou Starship Trooper de Verhoeven, un magicien du premier et second degré, ou une double lecture permanente autorise le visionnement par les masses incultes et les affranchis. Enfin, des films a priori aussi conventionnels qu’un Black Rain de Ridley Scott contient une phrase comme « Vous, les américains, vous ne savez plus produire que des films et des chansons ! », et un mega block buster comme Avatar nous dit même « chaque fois qu’un peuple est assis sur quelque chose qui les intéresse, ils nous disent qu’ils sont hostiles ». En pleine guerre d’Irak et d’Afghanistan, ça interpelle...