Monseigneur Favaletto ( suis-je assez déférent ?)
Une petite précision
tout d’abord, l’Allemand n’est pas ma langue maternelle mais paternelle (ma
mère est née, a vécu, et est décédée en France). Néanmoins je constate que mes
quelques piques ne vous ont pas laissées insensibles. Vous êtes (je pense) un
Français pur souche résident (vivant ?) en Allemagne et en ce qui me
concerne j’ai une partie de moi-même dans chaque pays ce qui, je l’espère, me conduit
à une certaine objectivité. Dans les années 50 alors que j’étais gamin, pour
mes camarades de classe (Français) j’étais le Boche et le passé de l’Allemagne on
me l’a bien fait sentir (sans doute trop, et maintenant cela me hérisse.)... Par
contre, en Allemagne je n’ai jamais été insulté ni méprisé (juste quelques
petites remarques sur l’assiduité au travail des Français, rien de bien
méchant). Et puis, vers l’adolescence j’ai compris que les gens intelligents
savaient juger les autres sur leur simple valeur, pas sur une caricature. Je n’apprécie
pas les caricatures des Allemands faites par les Français et l’inverse non
plus.
Lorsque vous dites « Cela rappelle de vieux réflexes et vous me confirmez dans ma thèse »
je suis désolé, mais les vieux réflexes c’est vous qui les avez, votre article
en est rempli... J’ai l’impression de faire un retour en arrière de cinquante
ans.
L’Europe ultra libérale d’aujourd’hui conduit au chacun pour
soi. A ce petit jeu l’Allemagne est (pour l’instant) la plus forte, mais à quel
prix… ? Je doute fort que les arbeitsloser ainsi que la Ein-Euro-Kräfte
en soient ravis et démangés par un désir de puissance, leur seul souhait est,
comme je l’ai dit plus haut, de parvenir à un emploi et une vie digne (comme
les chômeurs Français).
Je vous rassure, Merkel et son équipe ne sont pas ma tasse
de thé. Elle et les gouvernements conservateurs des autres pays de l’UE ont conduit
cette dernière dans une impasse.
Bien sur il y a en Allemagne des néonationalistes, mais il y
en a également en France, vous voyez certainement de qui je veux parler… J’avais
d’ailleurs été interloqué, il y a une vingtaine d’année à la lecture d’une
revue Française (je ne me souviens plus du titre) qui traitait de l’Europe et
qui la voyait comme un porte-avion avec des Français et des Allemands à bord,
les Allemands étant dans les machines, les Français aux commandes sur le pont.
La mégalomanie n’a pas de nationalité… la monstruosité non
plus… Enfin, s’il y a une nation hégémonique actuellement, ce serait plutôt les
Etats-Unis d’Amérique, il me semble. Vous vous trompez d’adversaire…
A la base l’UE est une bonne idée, mais elle a été dévoyée
par des politiques de gangsters encouragées justement par les Anglais et les
Américains.
Vous dites ; « L’avantage
est immense à profiter d’une jeunesse éduquée et formée aux frais des
partenaires européens. Voilà ce qui s’appelle une immigration choisie. Est-ce
un effet d’aubaine ou une stratégie bien pensée » Un effet d’aubaine
peut-être, une stratégie, vous exagérez. En 1945 les Alliés, dont la France, ont
pillés l’Allemagne de sa matière grise (et de ses outils de production), aujourd’hui
le balancier va dans l’autre sens…que voulez vous. Mes enfants vivent et
travaillent dans des pays du Nord de l’Europe dont l’Allemagne et ne s’en
portent que bien … C’était cela ou les petits boulots en France, pays ou les carrières
scientifiques sont peu ou pas reconnues. La France a décidé, hélas, et je le
dis avec beaucoup d’amertume, de ne plus être, comment dites vous, que le
bronze cul de l’Europe (a quelques exceptions près). Mais cela risque de ne pas
durer non plus, la concurrence est forte…
Ne soyez pas vexé, j’aime
autant la France que l’Allemagne, encore que j’ai l’impression d’avoir perdu la
France que j’ai connue par le passé, l’Allemagne aussi d’ailleurs. Mais je suis
désormais sans doute trop vieux …
Bon, vous trouverez sans doute mon propos décousu, mais vous
exposer mon point de vue en détail serait trop long…
Bien à vous