Bonjour Hervé Hum,
J’ai apprécié votre article et certains commentaires que je n’ai pour le moment que survolé. Je vais lire la suite avant de revenir vers vous pour deux trois petites questions concernant quelques points de désaccord (pour le moment, je n’en ai trouvé qu’un seul).
En tout état de cause, je crois que nous nous comprenons : je dis toujours que la seule ET unique crise que nous traversons EST une crise PARADIGMATIQUE.
Je vous livre ici un extrait de mon ouvrage sur la manipulation :
"Nous
vivons une incroyable époque. Aussi loin que nos historiens puissent remonter,
jamais auparavant, une quelconque civilisation n’avait pu connaître de si
brusques bouleversements.Tout
se passe comme si notre planète accélérait sa course et courrait à « bâtons
rompus » vers une destination inconnue que nous ne maîtrisons plus. Ce
mouvement, nous le pressentons sans toutefois parvenir à le saisir. Cet « inconnu »,
qui nous effraie tant depuis l’aube des temps, nous fait perdre notre besoin de
contrôle si nécessaire à calmer nos angoisses. Car l’être humain est avant tout
un « animal » anxieux qui ne parvient à apaiser ses peurs que si son
environnement lui est favorable et permet de satisfaire ses besoins (manger,
boire, dormir, avoir un travail, un logement, se sentir en sécurité, assurer sa
survie sociale, etc.).
Qu’a-t-il donc pu se produire pour que la
« machine » s’emballe ainsi au point que son
« déraillement » semble aujourd’hui inéluctable ?
Cette
question de plus en plus de personnes se la posent actuellement, car notre
monde est en crise. Une crise sans précédent tout à la fois financière,
énergétique, sociale, écologique, politique, scientifique, religieuse, etc.,
bref… une crise totale.
Face
à une telle situation, le plus déroutant, le plus consternant, le plus
frustrant, voire le plus affligeant, réside dans notre incapacité à trouver de
véritables solutions au marasme dans lequel nous nous enfonçons
irrémédiablement. Ne nous y trompons pas, le monde traverse des crises
systémiques de plus en plus fréquentes depuis qu’il s’industrialise. Ce qui, à
force, le vulnérabilise. Préalablement à cette « révolution
industrielle », les crises étaient d’un autre genre.
Ce
double constat d’échec et d’impuissance appelle un autre type de
questionnement : en désignant cet état de fait par ses conséquences (crise
x, y ou z) ne s’interdit-on pas de trouver la véritable source de nos problèmes ?Nous
n’ignorons plus que pour résoudre une énigme il est nécessaire de bien poser le
problème qui la sous-tend, sans quoi les solutions préconisées seront du même
effet qu’un « cataplasme sur une jambe de bois ». Albert CAMUS ne s’y
trompait pas en déclarant que : « Mal
nommer les choses, c’est ajouter au malheur du monde ».
Dans
un contexte de mondialisation où l’information circule à une vitesse vertigineuse
(ce qui était encore inimaginable il y a quelques années en arrière), notre
façon d’aborder (de « penser ») notre réalité
« matérielle » est paradoxalement restée inchangée depuis près de
2 500 ans. Le cadre théorique qui prévaut encore de nos jours dans nos représentations/interprétations
du « monde extérieur », et ce, quelle que soit la discipline
scientifique qui le théorise, se présente à nous sous la forme de trois
prémisses émises par ARISTOTE (384-322 av. J.-C.) :
· le principe d’identité : A est A, qui donna lieu au postulat suivant : « tout ce qui est est », de là ce qui est vrai est vrai, ce qui est faux est faux, ce qui est bon est bon, ce qui est mauvais est mauvais, etc.
· Le principe de contradiction : A n’est pas non-A : « rien ne peut à la fois être et ne pas être, une proposition ne peut être vraie et fausse en même temps », d’où ce qui est vrai n’est pas faux, ce qui est faux n’est pas vrai ; ce qui est bon n’est pas mauvais, ce qui est mauvais n’est pas bon, etc.
· Le principe du tiers exclu : il n’y a pas de milieu entre A et non-A : « tout doit ou bien être ou bien ne pas être : une proposition est soit vraie, soit fausse », d’où toute chose est soit bonne soit mauvaise.
Ainsi,
d’un côté nous évoluons dans un monde de plus en plus complexe auquel il
convient de s’adapter très rapidement (ce qui se traduit par la nécessité d’une
remise en question permanente) et de l’autre nous appréhendons notre
environnement avec les mêmes outils que ceux de nos ancêtres dont la notion de
temps et d’adaptabilité aux diverses contraintes externes était nettement différente
des nôtres.
Ce
phénomène entraîne des tensions énormes qui se traduisent par des
« distorsions » considérables du fait même de l’inadaptation à notre
société de nos « schémas de pensée aristotéliciens ». Il n’est, dès
lors, pas difficile de comprendre que cela génère des « résistances »
propices aux crises régulières que nous connaissons, car la véritable crise
dans laquelle nous sommes plongés est avant tout « paradigmatique ».
Qu’est-ce à dire ?
Cela
signifie que les méthodes de réflexions que notre éducation (instruction, formation,
enseignement) nous inculque au « forceps » ne sont plus adaptées à la
complexité du monde dans lequel nous vivons. Bien que la Grèce soit considérée comme
le berceau de notre civilisation, nul n’ignore aujourd’hui son évolution depuis
l’époque d’ARISTOTE (il n’est jamais trop tard pour l’admettre et parfois
même : « mieux vaut tard que jamais »).
Une
crise « paradigmatique » est en quelque sorte une crise de croissance
due à notre ignorance qui amplifie les difficultés que nous traversons, alimente
nos peurs et entraîne repli sur soi et stratégies défensives. Ce qui a pour
conséquence de bouleverser nos relations interindividuelles et d’aboutir à la
rupture des liens sociaux avec toutes les conséquences néfastes que cela génère.
Ainsi
se crée le cercle vicieux duquel nos crises émergent. Tant que les changements
nécessaires à la « reconfiguration » de nos « schémas de
pensée » ne s’opèrent pas, l’être humain suivra toujours la voie de la
facilité et l’adaptation à notre époque, ère ouverte sur un nouvel espace
« tout communicant », se fera grâce au moyen le plus rapide et le
plus simple que nous connaissions, c’est-à-dire la MANIPULATION.
Ce
lien entre adaptation et manipulation ne sonne pas comme une évidence et pour
le percevoir nous devons l’aborder avec un esprit particulièrement ouvert tout
en cessant de considérer que « ce qui ne se voit pas n’existe pas ».
À
ce stade, nous devons répondre à la question de savoir pourquoi notre évolution
passe par une phase de manipulation outrancière que l’on pourrait qualifier de
« paroxystique ».
Ce
qui revient à se demander : pourquoi manipule-t-on ?
Tout
simplement parce que nous sommes portés à manipuler par peur, orgueil,
ignorance, désir ou cupidité."
Etc., etc., etc.
Ne prenez pas la peine de répondre ici à ce message, d’autant que je poursuis ma lecture de vos autres articles. Je reviendrais vers vous sous mon dernier billet pour poursuivre cet échange, mais vos écrits me confirme ce que j’avais « pressenti » de vous et lorsque j’avais très succinctement répondu à Bur K.
25/06 23:34 - Hervé Hum
@pyjahman Ma foi, la régénération cellulaire fonctionne aussi pour l’humain, mais de (...)
25/06 16:44 - pyjahman
@Hervé Hum Mes remarques : 1) "c’est la dimension extra terrestre de la découverte des (...)
25/06 16:32 - pyjahman
@Hervé Hum Merci de la réponse, et pour clarifier, par mort j’entends vieillissement (...)
25/06 14:38 - Hervé Hum
@pyjahman Une cellule cancéreuse meurt avec son hote ! pour la méduse, déjà, il s’agit (...)
25/06 14:11 - Hervé Hum
@pyjahman Non, vous êtes effectivement trop anthropocentré et de fait, n’avez pas saisi (...)
25/06 10:22 - pyjahman
@Hervé Hum Qu’en est-il des espèces qui n’ont pas de processus de mort ? Cellules (...)
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