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Commentaire de Philippe VERGNES

sur Pour changer de paradigme...


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Philippe VERGNES 19 mai 2013 08:32

Bonjour Hervé Hum,

J’ai apprécié votre article et certains commentaires que je n’ai pour le moment que survolé. Je vais lire la suite avant de revenir vers vous pour deux trois petites questions concernant quelques points de désaccord (pour le moment, je n’en ai trouvé qu’un seul).

En tout état de cause, je crois que nous nous comprenons : je dis toujours que la seule ET unique crise que nous traversons EST une crise PARADIGMATIQUE.

Je vous livre ici un extrait de mon ouvrage sur la manipulation :

"Nous vivons une incroyable époque. Aussi loin que nos historiens puissent remonter, jamais auparavant, une quelconque civilisation n’avait pu connaître de si brusques bouleversements.Tout se passe comme si notre planète accélérait sa course et courrait à « bâtons rompus » vers une destination inconnue que nous ne maîtrisons plus. Ce mouvement, nous le pressentons sans toutefois parvenir à le saisir. Cet « inconnu », qui nous effraie tant depuis l’aube des temps, nous fait perdre notre besoin de contrôle si nécessaire à calmer nos angoisses. Car l’être humain est avant tout un « animal » anxieux qui ne parvient à apaiser ses peurs que si son environnement lui est favorable et permet de satisfaire ses besoins (manger, boire, dormir, avoir un travail, un logement, se sentir en sécurité, assurer sa survie sociale, etc.).
Qu’a-t-il donc pu se produire pour que la « machine » s’emballe ainsi au point que son « déraillement » semble aujourd’hui inéluctable ?

Cette question de plus en plus de personnes se la posent actuellement, car notre monde est en crise. Une crise sans précédent tout à la fois financière, énergétique, sociale, écologique, politique, scientifique, religieuse, etc., bref… une crise totale.
Face à une telle situation, le plus déroutant, le plus consternant, le plus frustrant, voire le plus affligeant, réside dans notre incapacité à trouver de véritables solutions au marasme dans lequel nous nous enfonçons irrémédiablement. Ne nous y trompons pas, le monde traverse des crises systémiques de plus en plus fréquentes depuis qu’il s’industrialise. Ce qui, à force, le vulnérabilise. Préalablement à cette « révolution industrielle », les crises étaient d’un autre genre.
Ce double constat d’échec et d’impuissance appelle un autre type de questionnement : en désignant cet état de fait par ses conséquences (crise x, y ou z) ne s’interdit-on pas de trouver la véritable source de nos problèmes ?Nous n’ignorons plus que pour résoudre une énigme il est nécessaire de bien poser le problème qui la sous-tend, sans quoi les solutions préconisées seront du même effet qu’un « cataplasme sur une jambe de bois ». Albert CAMUS ne s’y trompait pas en déclarant que : « Mal nommer les choses, c’est ajouter au malheur du monde ».
Dans un contexte de mondialisation où l’information circule à une vitesse vertigineuse (ce qui était encore inimaginable il y a quelques années en arrière), notre façon d’aborder (de « penser ») notre réalité « matérielle » est paradoxalement restée inchangée depuis près de 2 500 ans. Le cadre théorique qui prévaut encore de nos jours dans nos représentations/interprétations du « monde extérieur », et ce, quelle que soit la discipline scientifique qui le théorise, se présente à nous sous la forme de trois prémisses émises par ARISTOTE (384-322 av. J.-C.) :

·  le principe d’identité : A est A, qui donna lieu au postulat suivant : « tout ce qui est est », de là ce qui est vrai est vrai, ce qui est faux est faux, ce qui est bon est bon, ce qui est mauvais est mauvais, etc.

·  Le principe de contradiction : A n’est pas non-A : « rien ne peut à la fois être et ne pas être, une proposition ne peut être vraie et fausse en même temps », d’où ce qui est vrai n’est pas faux, ce qui est faux n’est pas vrai ; ce qui est bon n’est pas mauvais, ce qui est mauvais n’est pas bon, etc.

·  Le principe du tiers exclu : il n’y a pas de milieu entre A et non-A : « tout doit ou bien être ou bien ne pas être : une proposition est soit vraie, soit fausse », d’où toute chose est soit bonne soit mauvaise.

Ainsi, d’un côté nous évoluons dans un monde de plus en plus complexe auquel il convient de s’adapter très rapidement (ce qui se traduit par la nécessité d’une remise en question permanente) et de l’autre nous appréhendons notre environnement avec les mêmes outils que ceux de nos ancêtres dont la notion de temps et d’adaptabilité aux diverses contraintes externes était nettement différente des nôtres.
Ce phénomène entraîne des tensions énormes qui se traduisent par des « distorsions » considérables du fait même de l’inadaptation à notre société de nos « schémas de pensée aristotéliciens ». Il n’est, dès lors, pas difficile de comprendre que cela génère des « résistances » propices aux crises régulières que nous connaissons, car la véritable crise dans laquelle nous sommes plongés est avant tout « paradigmatique ». Qu’est-ce à dire ?

Cela signifie que les méthodes de réflexions que notre éducation (instruction, formation, enseignement) nous inculque au « forceps » ne sont plus adaptées à la complexité du monde dans lequel nous vivons. Bien que la Grèce soit considérée comme le berceau de notre civilisation, nul n’ignore aujourd’hui son évolution depuis l’époque d’ARISTOTE (il n’est jamais trop tard pour l’admettre et parfois même : « mieux vaut tard que jamais »).
Une crise « paradigmatique » est en quelque sorte une crise de croissance due à notre ignorance qui amplifie les difficultés que nous traversons, alimente nos peurs et entraîne repli sur soi et stratégies défensives. Ce qui a pour conséquence de bouleverser nos relations interindividuelles et d’aboutir à la rupture des liens sociaux avec toutes les conséquences néfastes que cela génère.
Ainsi se crée le cercle vicieux duquel nos crises émergent. Tant que les changements nécessaires à la « reconfiguration » de nos « schémas de pensée » ne s’opèrent pas, l’être humain suivra toujours la voie de la facilité et l’adaptation à notre époque, ère ouverte sur un nouvel espace « tout communicant », se fera grâce au moyen le plus rapide et le plus simple que nous connaissions, c’est-à-dire la MANIPULATION.
Ce lien entre adaptation et manipulation ne sonne pas comme une évidence et pour le percevoir nous devons l’aborder avec un esprit particulièrement ouvert tout en cessant de considérer que « ce qui ne se voit pas n’existe pas ».
À ce stade, nous devons répondre à la question de savoir pourquoi notre évolution passe par une phase de manipulation outrancière que l’on pourrait qualifier de « paroxystique ».
Ce qui revient à se demander : pourquoi manipule-t-on ?
Tout simplement parce que nous sommes portés à manipuler par peur, orgueil, ignorance, désir ou cupidité."

Etc., etc., etc.

Ne prenez pas la peine de répondre ici à ce message, d’autant que je poursuis ma lecture de vos autres articles. Je reviendrais vers vous sous mon dernier billet pour poursuivre cet échange, mais vos écrits me confirme ce que j’avais « pressenti » de vous et lorsque j’avais très succinctement répondu à Bur K.


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