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Commentaire de volt

sur La philosophie est morte, vive la philosophie et l'Esprit-Saint !


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volt volt 20 mai 2013 16:52

La philosophie n’est pas une matière, son histoire avant de lui être extérieure (éditeurs, université) lui est d’abord intérieure : Le vingtième siècle a signé la fin des philosophies à système (genre Hegel, Kant, etc.), la mise à mal de l’humanisme en mode naïf (aussi bien via les structuralistes que surtout Heidegger), la clôture de la métaphysique (dépassement du dépassement nietzschéen du platonisme). De l’intérieur déjà, la philosophie a abouti à ce pas décisif. Suite à quoi, viennent bien sûr, ce que vous citez de Foucauld, ou encore Deleuze considérant que l’œuvre du philosophe est de forger des concepts nouveaux, pas d’enseigner, parce que ce n’est là que faire du charme.

Mais le temps de la philosophie selon des « portraits raisonnés » du monde est peut-être passé avec les weltanschauung ; mais tout autant ne faut-il pas tomber dans ce piège du « concept comme outillage » propre à Foucauld. C’est en gros ce que vous proposez face aux évolutions de la science, de la société, etc. Or ce n’est pas ou plus le rôle du philosophe, j’y reviendrai sur ce rôle. Bref, vous proposez de justement partir en quête de concepts nouveaux, vu les nouvelles réalités.

Cela c’est une double erreur d’aiguillage qui vous le permet :

- D’abord cette énormité d’imaginer que l’édition et l’université pourraient empêcher de philosopher ; or l’université, dans son projet initial, avec théologie au centre, philosophie en conséquence, et science en périphérie, est morte avec le darwinisme comme idéologie industrielle de la période victorienne. Désormais c’est : marché → technologie → science → philosophie → théologie, et vous êtes, en parole, actes et vécu, l’un des plus éloquents anatomistes de ce tableau ; l’ancienne hiérarchie est totalement inversée. Ce n’est donc pas un « espace mort » qui peut encore décider des modalités à venir du vivant de la philo… Quant à l’édition, là encore, notre seul échange ici en ligne raconte toute sa crise et remise en question. Bref, les deux critères que vous invoquez comme « obstacles aux progrès et innovations de la philosophe » sont désuets et vingtième, si ce n’est 19e. De plus, il n’est pas anodin de poser que la philosophie serait tenue au progrès ou à l’innovation… Une philosophie du progrès par contre, oui.

- Ensuite le fait de dire qu’en France la science échappe à la philosophie… Oui, d’un certain point de vue, c’est ok, mais allons donc, la science jamais n’échappe à la philosophie, ce serait comme dire la mort de toute épistémologie, puis la science n’est pas en France, où sommes nous là entre nos concepts vous et moi ? en latitude 44 ou 33, en gmt = 0 ou gmt = -2…

Il semble cependant que même si les critères de départ soient discutables, de l’intérieur comme de l’extérieur, il y aurait crise ; cela implique que la philo non pas s’accroche au rafistolage bateau du navire en naufrage de la science livrée aux ravages du discours de la technique, mais en revienne aux fondamentaux : penser la vie, penser la cité.

Sans le moindre souci d’éditeur ou de fac surtout.

« les pensées qui gouvernent le monde, disait Nietzsche, s’avancent à pas de colombe »
- voilà pour l’esprit sain.


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