Extrait :
"...On se rend compte aujourd’hui que ce monde-là est un mirage. La pharma
échoue à guérir les maladies mentales majeures, tandis que l’efficacité
des tonnes de médicaments vendus chaque année contre la dépression ou
l’Alzheimer est de plus en plus contestée. L’euphorie du tout chimique
est en train de retomber et la crise du DSM doit probablement se lire
comme un symptôme de ce basculement.
Bertrand
Kiefer, rédacteur en chef de la Revue médicale suisse, salue la
contestation anti-DSM : « Nous vivons une époque où le discours normatif,
après avoir
été porté largement par la morale ou la religion, l’est par la
médecine. Or le DSM, dont la démarche est beaucoup moins scientifique
qu’elle n’en a l’air, produit une norme qui est celle de la société
américaine. Les pétitionnaires ont le mérite de rappeler ce qu’il feint
d’oublier, que la souffrance psychique est inséparable de l’état de la
société. »
Le
plus étonnant, finalement, n’est-il pas qu’une contestation forte et
organisée au « nouvel ordre mental » (Corcos) étasunien ne soit pas venue
d’Europe ? Les Britanniques, les Nordiques, les Italiens se rattrapent en
signant la pétition américaine. Des signatures genevoises ont commencé à
apparaître au bas du document..."
Et
les Français ? Soupir de Maurice Corcos : « Des pétitions circulent ici
aussi, il existe notamment un mouvement intitulé « STOP DSM ». Mais la
profession est tellement divisée et obnubilée par ses querelles de
chapelle… »