Ce n’est pas l’anglais qui nous menace, belle langue au demeurant, c’est l’ anglomanie généralisée, le globish imposé, dont se moquent nos voisins d’Outre-Manche..
Même les Québecois déplorent un de nos travers qui s’aggrave et s’élargit : la fatigue linguistique de la France.
Allons-nous un jour devenir étranger à notre propre langue ?
"Quand la France s’anglicise
avec enthousiasme et désinvolture, bien au-delà de ce qu’exigent
ses intérêts, quand elle donne l’exemple du zèle dans la soumission
au nouvel empire, elle trahit ceux et celles qui depuis Léopold
Senghor ont cru à une universalité de la culture française qui
survivrait au déclin du pouvoir politique de la France. Le prestige
de la culture grecque n’avait-il pas survécu à l’affaiblissement de
la Grèce ? «
____________Un article du New-York Times soulignait »ce phénomène d’anglomanie qui semble se généraliser dans toute la France et
dont les illustrations ne laissent pas d’étonner. La langue de tous
les jours en est affectée ; dans les commerces, les médias, les
publicités, en politique, on emprunte directement à l’anglais pour
faire moderne, tendance, à la page, pour se distinguer de la « plèbe »
restée franchouillarde, pour marquer son appartenance à un monde
unifié, globalisé, interconnecté, électrostatique, sans frontières. Les
emprunts à l’anglais sont de plus en plus délibérés, choisis à la
manière d’une signature, d’un logo, d’une image de marketique qu’on
lance à la volée pour épater le Gaulois ; plus l’emprunt est
fracassant, grossier, tonitruant, meilleure est la réclame.
Ainsi à la télévision française organise-t-on des « Talk », comme si
la langue française était sans ressource pour nommer une émission de
variété. Même le monde de la littérature se place sous le patronage de
l’anglo-américain. Ainsi,
s’inspirant du Courrier International, pourtant fondé comme une
entreprise d’ouverture à la diversité linguistique, un magazine de
recensions de livres a pris le nom de Books , façon désinvolte d’annexer une publication française au modèle anglo-saxon de revue littéraire (comme le New York Review of Books).
Sur la scène parisienne, se faire jouer les trésors de la littérature
française en anglais semble être du plus grand chic : ainsi le
renommé théâtre du Châtelet a-t-il mis à l’affiche du 28 mai au 4
juillet 2010 une production anglaise de la comédie musicale Les Misérables
d’Alain Boublil et de Claude-Michel Schönberg originalement conçue en
français d’après le célèbre roman de Victor Hugo. (Quand verra-t-on
sur les scènes londoniennes une comédie musicale Hamlet ou King Lear en français ?)
Dans
les grandes entreprises françaises, l’anglais a supplanté le français
dans les rouages névralgiques ; mêmes les entreprises à vocation
strictement nationale voient arriver à leur tête des armées de jeunes
managers formés à l’anglo-saxonne, pressés d’appliquer les recettes
apprises en anglais à la lecture de manuels américains. Les
universitaires français se convertissent aussi frénétiquement à
l’anglais. Le prestige des publications dans les grandes revues et
maisons d’éditions françaises a faibli ; les embauches dans les
universités, les promotions, les honneurs se jouent de plus en plus sur
la capacité à publier en anglais dans les forums mondialement cotés, à
s’insérer dans les réseaux de recherche « européens » où tout se
décline en anglais. Les grandes écoles et les universités françaises,
au nom d’une autonomie fraîchement accrue, multiplient les programmes
et les formations bilingues ou donnés strictement en anglais, dans
l’espoir de toucher une part du marché lucratif des étudiants étrangers
qui rêvent de vivre « a french experience » sans dépaysement
linguistique. Il n’est pas rare que des professeurs français se vantent
de donner leur cours en anglais, sans protestation des bacheliers
français, au grand dam des étudiants…. étrangers que la France séduit
encore par la langue et la culturex.
Même le vocabulaire de la politique française se ressent de cette
anglomanie. Le secrétaire du Parti socialiste, Martine Aubry, a
proposé en avril 2010 de renouveler les politiques sociales françaises
en s’inspirant du « care » britannique v. La diplomatie française s’est mise aussi à l’english, en publiant, sous l’impulsion de Bernard Kouchner, ses cahiers (Mondes) en version bilingue. On applaudit même en France à « l’impérialisme cool de l’anglais »,
ainsi que l’a fait le thuriféraire de la culture américaine Frédéric
Martel, dans un texte publié dans Le Point du 28 juillet 2010, « Français, pour exister, parlez English »,
où il clame sans ambages sa conviction que le français est incapable
d’être autre chose qu’une langue de Gaulois rétifs à la modernité,
sans dimension internationale ni même européenne.
Si le français fut l’une des langues fondatrices de la construction européenne, il se recroqueville aujourd’hui dans l’arrière-cour de l’Union européenne, détrôné par un « euroglish » triomphant. ..."
__Même Alain Touraine se croit obligé d’utiliser l’anglais pour faire une communication à Montréal , dans le cadre d’une réunion sur la francophonie !
09/06 10:46 - Thierry SALADIN
Bonjour Bur K, Votre intervention de ce matin aura été lue, finalement, au moins une fois.Rien (...)
09/06 10:25 - Bur K
Pardon, plutôt que « empire anglo-saxon », parlons d’empire « anglo-américain », ou (...)
09/06 10:13 - Bur K
Bonjour, Un peu tard pour poster un commentaire qui sera lu par le plus grand nombre, mais je (...)
25/05 23:39 - pyjahman
@esclarmonde Le principe d’une langue vivante c’est qu’elle est en constante (...)
25/05 21:42 - Τυφῶν בעל Perkele
25/05 18:24 - Krokodilo
Ce que vous dites n’a pas de sens : dire d’une chose qui existe qu’elle (...)
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