On a rangé sous la catégorie d’antisémitisme des choses fort différentes :
- l’antisémitisme pré-chrétien des Romains. Cicéron [-106 / -43], Pro Flacco,
xxviii : calomnie relative à l’or des Juifs ; tu sais quelle
force ils représentent, combien ils sont unis et quel rôle ils jouent
dans nos réunions. […] Flaccus [préteur] prohiba par édit les sorties
d’or d’Asie […] dédaigner, pour le bien de l’État, cette multitude des
Juifs, parfois déchaînée dans nos réunions, fut un acte de haute
dignité.
- l’antisémitisme romain du début de l’ère chrétienne : Tacite [vers 55 / vers 118], Histoire : les pratiques des Juifs sont ineptes et misérables ; haine
hostile à l’égard de tous les autres : les Juifs étaient le peuple
le plus méprisé par les Assyriens, les Mèdes et les Perses ; le roi
Antioche [Antiochus IV, vers -215/-163] s’efforça de détruire la
superstition nationale et d’introduire la civilisation grecque.
Juvénal [vers 60 / 140], Satires : aere minuto qualiacumque uoles Iudaei somnia uendent
qu’Olivier Sers traduit par : « les Juifs te débitent à la demande
n’importe quel songe creux pour une pincée de petite monnaie. »
(Classiques en poche, Les Belles Lettres).
Philostrate d’Athènes [vers 200], Vie d’Apollonios de Tyane : Il y a longtemps que les Juifs sont en révolte non seulement
contre les Romains mais contre tous les hommes ; eux qui vivent à part,
qui ne partagent avec les humains ni la table, ni les libations, ni les
prières, ni les sacrifices […] il aurait mieux valu même ne jamais les
annexer.
Rutilius Namatianus, [1ère moitié Ve siècle], Sur son retour : le Juif, une créature qui cherche querelle à la bonne
nourriture [le porc] ; […] race dégoûtante qui pratique la
circoncision : cette race est la racine de la bêtise […] leur cœur est
plus froid que leur croyance.
- un anti-judaïsme chrétien multiséculaire s’appuyant notamment sur
l’accusation de « peuple déicide » portée contre les anciens Hébreux.
- un anti-judaïsme non chrétien, voire athée ; cf Voltaire, Arthur Schopenhauer, Karl Marx et Frédéric Nietzsche.
- un préjugé de type racial pouvant aller jusqu’à des discriminations et des persécutions ; pogroms, nazisme.
- une hostilité à la politique, voire à l’existence, de l’État d’Israël ;
notamment, pour ses expulsions et la fuite de 500 000 à 800 000
réfugiés, sa politique à la main lourde depuis la guerre des six jours
(1967), le massacre de Sabra et Chatila, en septembre 1982, la seconde
Intifada fin 2000, l’opération
Plomb durci à Gaza, 2008-2009, l’attaque de la
flottille pour Gaza fin mai 2010,
la reprise de la colonisation en cis-Jordanie, le projet de serment
d’allégeance (octobre 2010), la construction de nouveaux logements pour
les juifs à Jérusalem-Est (novembre 2010).
- une hostilité au communautarisme actuellement incarné en France par le C.R.IJ.F.,
qui est contraire au principe d’indivisibilité de la République
française. Hostilité également à la prétention de ce communautarisme à
exercer une police de la parole, depuis la loi Gayssot jusqu’aux
pressions du CRIJF pour l’interdiction de la conférence avec
Stéphane Hessel à l’ENS-Ulm, ou jusqu’à celles de Serge Klarsfeld pour
l’annulation de la commémoration du 50e anniversaire de la mort de
l’écrivain Louis-Ferdinand Céline avec les Archives de France.
- une tentative de réexamen des méthodes et de l’ampleur des
persécutions antijuives par les nazis (révisionnisme), notamment des
chambres à gaz. Tout réexamen est actuellement bloqué par la
loi Gayssot du 13 juillet 1990.
- une lassitude face au ressassement médiatique des
souffrances juives de la Seconde guerre mondiale, comme si la Première
guerre mondiale n’a pas, elle aussi, créé de nombreux orphelins ;
lassitude devant cette perpétuelle promotion du « peuple élu », en plein mépris du reste de l’histoire de
France. Dernier en date.