@ Al West
Le plus cocasse est que pour qui se donne la peine de réfléchir, il serait facile de démontrer rationnellement, par définition même du concept, qu’un non-juif - un goy - ne peut et ne pourra JAMAIS, être antisémite.
J’en veux pour preuve que pour admettre la notion même d’antisémitisme, encore faut-il reconnaitre au préalable la dimension duale de l’identité juive : à la fois religieuse à travers la profession de foi, et à la fois raciale (ou tribale) à travers le principe de matrilinéarité (est juif celui dont la mère est elle-même juive). Ce qui fait dire à certains (Finkielkraut par exemple) que l’on peut tout à fait se considérer comme un athée juif. Ce qui fait immédiatement sourir si appliqué à quiconque d’autre que juif.
Or, fort logiquement, quiconque ne croit pas à cette dualité puisque n’ayant vocation à se soumettre à l’orthodoxie religieuse juive (c’est le grand rabbinat se basant sur les textes fondateurs de la religion juive qui fixa jadis arbitrairement cette représentation idéologique) ne peut décemment reconnaitre à autrui, dans la temporalité, QUE sa profession de foi, au même titre que pour un catholique, un musulman, voire un athée de conviction.
Dès lors qu’un non-juif, et à plus forte raison un non-croyant, ne peut reconnaitre cette dualité et est tout à fait autorisé par conséquent à évacuer philosophiquement et moralement ce second concept (matrilinéarité) qui caractérise l’identité juive selon les la tradition et orthodoxie juives - inintelligible pour lui et rigoureusement non-opératoire - alors on doit nécessairement en conclure qu’un non-juif, et à plus fort raison un non-croyant, ne peut être définitivement taxé d’antisémitisme puisque l’antisémitisme est ce qui fait référence explicitement, et par compréhension même, à cette seconde dimension de l’identité juive (telle que la défini encore une fois le grand rabbinat) incarnée par la transmission de la judéité par le sang de la mère.
Par un renversement de perspective tout à fait novateur et pertinent, ne s’expose en réalité à être taxé d’antisémitisme que ceux qui admettent de manière sous-jacente et par présupposé, cette dualité fondamentale. Quiconque la refuse s’en affranchit, de façon tout à fait rationnelle et démontrée comme telle. A la limite, et qui ne contrevient en rien à la présente démonstration bien au contraire, pourraient-ils être taxé de judéophobe. Ce qui est logique puisque correspondant au premier - et seul admis vrai pour un non-juif conséquent - critère de l’identité juive, à savoir la profession de foi précitée.
Mais la sémantique est ici très importante, puisque dans notre société post-Auschwitz le racisme anti-Juif, ci encore nommé antisémitisme, est sans doute la tare la plus moralement et judiciairement condamnable, alors que la réserve et/ou critique à l’égard des juifs (notez la minuscule, telle que définie par la langue française), en tant que communauté de croyants, ne peuvent quant à elles qu’être assimilées à de la judéophobie, qui comme l’islamophobie ou la cathophobie sont elles garantie par la Constitution, puisque permise de s’exprimer dans le cadre de la liberté de conscience et d’expression offerte par notre corpus législatif. La nuance est donc de taille.
Dominez les mots et vous dominerez les idées et partant de là les hommes. Voilà la réalité des rapports de force idéologique actuels.