Sur le thème : les mentalités évoluent.
Hier, banlieue sud-ouest de Strasbourg, dans le quartier déshérité des Hirondelles, au pied d’une tour en instance de démolition, avec un copain, nous distribuons un appel à manifester contre l’austérité le 1er juin. Très vite, nous avons une longue discussion avec des jeunes de 20-30 ans, sans travail. Faute de ressources, ils trafiquent un peu de shit, diront-ils, en affirmant qu’ils sont surtout consommateurs. Pendant l’entretien, contrôle de police, un ’couple’ jeune et mignon, la main constamment sur le bidon de poivre. Ils ne s’adressent pas à nous, mais n’insistent pas quand les ’jeunes’ refusent de sortir leur carte d’identité (les porteurs de shit avaient été prévenus par coups de sifflet de l’arrivée des agents et pris la fuite). Tout le monde se contrôle, pas d’incident. Je me dis que si le shit était légalisé et le commerce laissé aux mains des sans-emplois, la police pourrait s’occuper des vrais délinquants, y compris en col blanc.
L’important c’est cependant la discussion prolongée avec la dizaine de jeunes hommes. Bien que musulmans par leur famille, ils se disent non croyants. Résumons : ils regrettent la fermeture (?, à vérifier) par le maire des lieux de rencontre dans leur quartier, là où ils aimeraient s’investir pour occuper les plus jeunes. Sur la politique et l’économie, ils ont un raisonnement sain, très proche de Jacques Généreux (Nous on peut) : vraies raisons de la crise économique, lâcheté des responsables de l’exécutif, racisme quotidien... Plusieurs vont être embauchés pour 6 mois à la destruction de leur immeuble, désormais vidé, mais qui reste leur lieu de rencontre. Démolir leur propre logement, comme seule source de revenus, étrange sentiment...
Ils souhaitent la venue de Mélenchon dans leur quartier, pour qu’ils se sentent entendus. Ils craignent qu’une fois au pouvoir lui aussi oublie tout ce qu’il a dit. On s’est quittés par une chaleureuse poignée de mains.
C’est avec eux, qui n’ont vraiment plus rien à perdre et avec tous ceux qui ont conscience de ce qui se passe que nous ferons changer les choses.