Quelque chose de plus sérieux ? Souhaitons-nous vraiment, profondément, l’avènement de la dictature du prolétariat ? L’histoire des hommes ne nous donne-t-elle pas d’autres exemples que Wall Street ou Pyongyang ?
Vous ne connaissez plus que vos Évangiles républicains, libéraux ou marxistes,
qui sont même devenus vos grilles de lecture, vos logiciels de
compréhension du monde, et malheureusement de l’homme. L’homme n’est pas
qu’un « travailleur » désincarné, non plus qu’un « citoyen » idéalisé, et
encore moins un « électeur » déresponsabilisé.
Qui sont ces idéologues qui prétendent nous faire marcher au pas de
leur Internationale ?, ces démocrates de tous bords qui bradent sans
relâche nos
richesses, tout drapés de la légitimité d’une élection de
publicitaires ?,
ces républicains qui en sont arrivés à gommer nos frontières et nos coutumes au nom de
slogans imaginés par quelques vieux essayistes agenouillés devant le
libéralisme des marchands anglais ?
Ne comprenez-vous toujours
pas que la finalité, l’implacable destin, du capitaliste comme du
marxisme est d’écraser l’homme ? Ne l’avez-vous pas déjà vu ? Ne le
voyez-vous pas encore ? Ne le sentez-vous pas dans votre chair ? Êtes-vous
devenus si pitoyablement, si tragiquement des modernes que vous n’ayez
plus d’instinct ?
Et pourtant ce reste d’homme en vous, cette
petite voix qui vous habite encore malgré la publicité et la propagande
ne vous fait-il pas maudire le manque de courage, de force, de fidélité,
de droiture, d’honneur, de noblesse de vos élites dirigeantes, quand,
au même temps - incroyable paradoxe schizophrénique ! - vous traitez de
salaud celui qui inscrit fièrement ces valeurs sur son étendard...
Je ne défends pas ici directement Mme Le Pen et son parti qui sont
encore loin du compte, je dis tout au plus que ce qu’ils représentent
est sans doute ce qu’il y a de plus humain dans ce théâtre
politico-médiatique, dans votre monde qui ne fournit plus que des
modernes, et de moins en moins d’hommes...