hmmm...pas paradoxal : c’est la somme de divers facteurs opérant au-delà du
seul domaine de la sexualité :
a) d’un, nous vivons dans une société où un discours pseudo-scientifique mais
résolument idéologique s’est mainstreamisé : à savoir l’idée que tout ne serait
que construction d’ordre socio-culturelle : et en terme de sexualité : l’idée que
les genres eux aussi sont des constructions : la biologie étant niée, la science
ignorée, la reproduction sexuée étant évacuée dans le registre folklore et
archaïsmes : ne reste donc que cette idée parfaitement résumée par J. Butler :
« l’anatomie est une construction sociale » OR si l’on applique
cette logique - à savoir la négation de la biologie, aux dits genres, elle est
aussi applicable aux classes d’âge : en effet si les différences biologiques
n’ont aucun sens et que tout revient à une construction socio-culturelle : la
distinction par âge n’a pas plus de sens que celle par genre : dans les deux
cas, il suffit d’ignorer la biologie. Ajoutons à cela que si la reproduction se
voit renvoyer dans la catégorie « vestiges de notre animalité » : la
distinction par âge –donc en fonction de la maturité sexuelle, elle non plus
perd son sens.
Bref arrivera un moment où non seulement aura été définitivement imposé l’idée que genre et anatomie sont des constructions sociales sans fondement bio-naturels mais que l’âge aussi, puis sans doute un jour que l’idée même d’espèce relève de ce même type de construction ou catégorisation supposément « arbitraire » – le fait étant que cette habilité à catégoriser le « Réel » est non pas culturelle chez l’Homme, mais naturelle.
En matière de classes d’âge et de grand chamboulement supposément »libérateur« : l’hypersexualisation au sens »physique" concerne avant tout les classes âgées, dont le comportement les a fait passer de la catégorie « références morales » (sagesse, mémoire, etc…) à celles de jouisseurs fanatiques : le jeunisme en étant un des aspects les plus marquants, ainsi que le fait que le vieux sage d’antan aujourd’hui tend à se comporter comme un trentenaire en OD d’hormones…il est au final donc logique qu’à l’autre extrémité (premier âge) on se retrouve avec des enfants et adolescents plus « adultes » : avec ce que cela implique que ce soit physiquement que psychologiquement.
b) de deux, le modèle actuel se dit »démocratie libérale" : terme
suffisamment confus pour qu’il puisse signifier autant de choses qu’on le
souhaite : néanmoins l’attribut dit « libéral » fait que ce système est –
théoriquement - « neutre » en termes de valeurs collectives ou
référents culturels (morale et éthique inclus) puisque par définition il
n’entend la société qu’au travers d’une perspective centrée sur l’individu aux
référents aléatoires : et la logique voudra qu’il tendra non pas vers le dit
« relativisme culturel » (concept d’anthropologie culturelle repris à
tord et à travers par tout un chacun) mais le relativisme moral/éthique :
qui est d’ailleurs un des fondements idéologiques des négationnistes de la
biologie sus-cités bien qu’ils préfèrent employer le concept de
« relativisme culturel » - qui n’a rien à voir : i.e. c’est un concept
ayant trait à l’approche méthodologique des études anthropo, n’étant aucunement
un positionnement philosophique/idéologique tel que le relativisme
moral/éthique - bien moins entendable pour les lambda et qui sous-entendant
l’idée de progrès s’opposant au conservatisme social/culturel s’avère bien plus
vendable (schéma binaire aussi classique qu’ici frauduleux) : quand dans les faits
cela va plus loin que le modèle de « société neutre » libéral,
puisqu’il s’agit d’avancer l’avènement d’une culture négative, ou anti-culture
par la création d’un ordre artificiel (dans la perspective libérale d’une
société « neutre » : l’ordre n’est pas produit par coercition : il apparaît
quasi spontanément du désordre créé) , dissolvant toutes références, valeurs
culturelles, éthiques, morales et l’application idéologique/politique du relativisme
éthique/moral : ce qui associé avec les éléments cités en première partie
(négation de la biologie) laissera facilement deviner vers quoi cela peut
mener.
c) enfin, il y a un facteur d’ordre purement pratique : plus une société est
développée, plus elle tend vers l’égalité hommes/femmes : plus et hommes et
femmes se conduisent en fonction des stéréotypes (exemples : femmes plus
empathiques, carrières orientées vers le social, hommes plus solitaires, plus
tournés vers la compétition, carrières d’ingénieurs, etc...) associés à leurs
genres : étranger paradoxe ? pas vraiment, les besoins basiques étant
« assurés », la survie elle-aussi : on retourne au stade
« chasseurs-cueilleurs » où chaque genre tendra vers tel ou tel domaine
de prédilection : à cela faudra-t-il ajouter, cette forme d’hypersexualisation
où le mâle arborera un plumage plus coloré, ou un étui pénien plutôt évident,
la femme elle se parera de couleurs, coquillages, etc...pour la raison que la
compétition sexuelle n’étant plus contrainte par les questions de ressources et
reproduction et donc rapport coûts/bénéfices, le choix sera purement
subjectif/esthétique : donc l’apparence de masculinité/féminité qu’il faudra
alors « exagérer » : que ce soit par la parure, la cambrure, mais aussi
l’envergure (qu’elle soit mammaire, pénienne, pectorale, etc…) bref logique de
more is better, bigger is better, etc… en parfaite adéquation avec notre modèle
de société de consommation.
DONC lorsqu’on associe l’ensemble de ces facteurs : l’hypersexualisation ne
relève plus d’un quelconque paradoxe mais est une conséquence logique des
fondements idéologiques de divers courants opérant actuellement dans le champ
politique, sous couvert de la neutralité d’une société dite libérale dont ils
détournent le sens pour avancer leur propre agenda politico-idéologique.
02/07 17:14 - Kookaburra
Bien entendu, ce n’est pas une excuse, mais un accoutrement sexy peut attiser les désirs, (...)
02/07 15:13 - Panthera Leo
Dans sa globalité, je trouve cet article tout à fait pertinent. Il y a une seule chose que je (...)
25/06 14:42 - pyjahman
@rodier Merci, et on se fait moinsser pour essayer d’objectiver la situation. Je trouve (...)
25/06 14:33 - pyjahman
Vos écrits sont assez riches, mais trop de références philosophiques m’empêchent de tout (...)
24/06 18:01 - loph
@ lsga Sûrement. Mais quand cela devient le cadre d’un rapport déséquilibré d’une (...)
24/06 17:31 - loph
Je le lirai avec un intérêt circonstancié. Ces questions où l’intime se mélange avec le (...)
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