Autant vous mettre de suite les points sur les i, j’ai vécu 4 ans à Cuba.
Si je suis d’accord avec votre analyse de la situation espagnole, je le suis en revanche beaucoup moins avec la glorification du régime cubain. Faut vraiment que vous n’y ayez jamais foutu les pieds en parlant de santé, d« éducation gratuite et de bouffe pour tous.
C’est grotesque !
Je vous livre mon expérience personnelle :
Ma belle-soeur est morte à l’entrée d’un hôpital parce qu’on lui refusait DEPUIS DES HEURES, une piqûre de soutien après une crise cardiaque. Pas de dollars ? Pas de soins...
L’éducation ? Si vos parents ne sont pas du Parti ( 20% de la population, pas plus ) vous aurez droit à apprendre à lire et écrire, mais JAMAIS à poursuivre des études, études dont vous ne pourrez pas déterminer les orientations. Un médecin sur deux préférera cent fois devenir chauffeur de taxi ou aide-cuisinier dans un hôtel que d’exercer sa profession. A de rares exceptions près — il faut bien de bons docteurs pour les cliniques privées pour les étrangers et pour les » caporegime du socialisme « , n’est-ce pas - leur formation est largement inférieure à celle d’un aide-soignante en France. Les pharmacies n’ont aucun médicament, sauf les décoctions à base de plantes venues en droite ligne de la sorcellerie santériste. Sinon, c’est » NO HAY « Mais il y aura quand même ...contre dollars, n’est-ce pas ?
De la bouffe gratuite pour tous ? Ah bon ! Vous savez ce que reçoit un cubain tous les mois ?
Apparemment non ! Alors voici :
- un demi kilo de riz par personne, qu’il faut trier,car près de la moitié sont de petits cailloux de pierre, les chefs et leurs pelleteuses sont passés par là.
- une once de café, il est tout gris parce que remplacé pour partie par de la poussière. Le vrai, le bon café cubain ne se vend qu’au marché noir au prix d’une journée de travail.
- deux kilos de légumes après avoir fait la file durant des heures. Si vous avez de la chance, ils ne seront pas pourris
- un quart de litre d’huile de palme et encore, un mois sur trois...
- un paquet de cigarettes POPULAR de base et deux cigares
- une brique de savon qui sent plus mauvais que celui de Marseille
- une bouteille de rhum où l’on voit les cristaux balader par transparence
- un quart de poulet surgelé, dégelé, surgelé pour fêter le jour anniversaire de la révolution.
Je me souviens qu’un jour un des gusses qui habitaient chez nous ( le 3ème étage d’une maison où les escaliers étaient tous étançonnés, qui tremblait sur ses bases au passage de chaque camion et dont le balcon était tombé 17 ans plus tôt ) est revenu avec une boite de pilchars. Elle était toute rouillée et, moi qui étais le seul à savoir que l’étiquette comportait une date de préemption, je pus donc lire qu’elle avait été dépassée de 4 ANS !!!
C’était un cadeau du Parti pour avoir dépassé les normes du plan.
Y’a bon Banania...
N’ont les moyens d’avoir à bouffer que :
- ceux qui volent tout ce qui leur passe par les mains
- les protégés du régime et les militaires des forces spéciales
- ceux qui disposent de mandats venus des Etats-Unis
Aux autres, il ne reste qu’une solution : la débrouille.
Ce qui manque le plus à Cuba, c’est la liberté d’expression. Personne n’ose rien dire car personne ne sait si la conversation a lieu avec un délateur du régime.
En pratique cela donne ceci :
- Tu trouves que Fidel est un homme bien ?
- Oui, mon pote !
Mais on pense en interne : sale con, tu ne vas pas m’avoir ainsi.
Et l’autre :
- Nous sommes tous unis dans le socialisme, vive le progrès !
Et en interne : crapule, toi t’es pour Fidel...
Ceci dit, vous parlez de 115 réfugiés en Espagne et ne mettez en exergue que deux cas.
Et les autres ?
Je vais vous le dire, moi : il n’y a pas de socialisme à visage humain sans expression libre !
Putain, moi qui vis au Laos, je suis plus communiste que vous PARCE QUE JE NE ME SUIS PAS contenté de m’opposer au capitalisme sauvage, mais me suis également penché SUR TOUTES LES EXACTIONS COMMISES EN SON NOM PARTOUT où il a été mis en application.
Vous serez de vrais communistes le jour où vous ferez amende honorable sur ce passé que vous occultez, POINT !!
Le reste n’est que propagande. Restez en France avec vos idées. Si vous allez vivre à Cuba, vous n’aurez que deux solutions :
- fermer votre gueule et profitez tant que possible de votre fausseté en louangeant le régime.
- ou alors, foutez le camp en Espagne, là où même un pauvre qui n’a rien pourra manifester son mécontentement en disant ce qu’il pense.
Cela ne servira bien sûr à rien, mais cela libère.
A Cuba, ce droit n’existe pas.
Autre exemple vécu dans la famille là-bas : une belle-soeur et un beau-frère travaillaient à l’usine de fabrication de pépégé ( des amphés coupe-faim, soit dit en passant... )
Midi, le chef arrive. :
- On arrête tout, cet après-midi, les masses populaires sont tenues d’aller manifester.
- Pourquoi ?
- Ca, on vous le dira plus tard, mais vous devrez tous crier » à bas l’impérialisme " à tue-tête. Et surtout, restez groupés, on pourra voir qui gueulera le plus fort.
VIVA LA LIBERTAD !
Quel est le gusâno qui a osé dire cela ?
Moinssez tant que vous voulez, camarades. La liberté et la vérité n’ont pas besoin de votre accord pour s’exprimer.