@ Guéguen
« Toutes les révoltes dont vous faites état ont vu à leur tête un mouton en chef, si ce n’est un berger. Le mythe du peuple conscient de lui-même et se levant comme un seul homme a la peau dure ! » (..) « Aaaaaah, la Bastille ! »
Je parle des révoltes paysannes et c’est vous qui répondez : « Bastille »… est-ce que les Parisiens étaient rats des champs ?
Bien entendu Mr Guéguen… le peuple conscient n’est qu’un mythe. Les croquants du Périgord étaient heureux de la gabelle mais comme c’étaient des moutons, il a suffit qu’un berger passe par là et hop, ils sont tous partis en cœur se faire trucider sans hésiter, idem de toutes les autres révoltes : celle des Va-nu-pieds, des Lustucrus, etc. C’est bien un hasard si l’exploitation et la fiscalité ont été chaque fois un motif de mécontentement et que ces soulèvements réprimés dans le sang, ont compté parfois des milliers de paysans ! Les défenseurs de la passivité et de « l’inconscience politique » en réalité, peuvent appeler cela des « humeurs » afin d’en minimiser la portée ; pourtant celles-ci ont mené à la guerre des farines : premier véritable mouvement des indignés…
L’évènement de 1789 que vous évoquez et lié à la bourgeoisie
parisienne, n’avait pas pour but de rendre « le monde plus égalitaire »
mais de remplacer une classe par une autre. Les uns luttaient pour des droits,
d’autres plus puissants pour des privilèges, ces derniers n’ont pas réellement
conquis le pouvoir politique… Ils l’avaient déjà et n’ont fait que l’organiser
au grand jour… l’ancien monde n’était plus depuis longtemps. Les ruraux
ont bénéficié de quelques miettes puis les soulèvements ont repris et l’armée
est revenue dans les campagnes. L’Histoire étant toujours écrite par les
vainqueurs, on a raconté bien des mensonges sur les bienfaits de la révolution
appliquée à la population en majorité paysanne mais pourtant déjà bien avant par ex, elle était propriétaire
de ses terres pour le plus grand nombre, ... et ces mensonges perdurent dans les
bréviaires pour étudiants aujourd’hui.
Il faut rappeler toujours qu’en dehors de la Cité, il y avait non pas des cellules familiales vivant les unes à côté des autres mais vivant les unes avec les autres formant des communautés villageoises composées d’agriculteurs, d’artisans, de petits commerçants, que la participation aux délibérations organisant la communauté était obligatoire, que ces assemblées n’avaient certes pas inventé la bourse mais qu’elles rendaient même la justice, à défaut de s’occuper du cours de la betterave. Tout a été fait pour démanteler cette société qui n’avait eu besoin de personne pour assumer des responsabilités mais dont dépendaient trop les urbains pour se nourrir.
Et ce serait faire fi de la réalité que de nier que la Révolution de 1789 fut un grand moment d’espoir pour beaucoup de gens parce que justement ils y ont cru à la souveraineté populaire et les honnêtes se sont fort justement inspirés de l’organisation rurale ancienne pour en faire un modèle au niveau de la Cité.
Discutailler sur l’essence aristocratique ou pas de la démocratie, réfléchir aux bassesses de l’âme humaine incapable de se gouverner et tutti quanti, cela nous renvoie toujours aux calendes grecques de la démocratie athénienne mais sommes-nous à ce point amnésiques que nous ne citons jamais notre propre expérience française concrète pas si lointaine ? Plutôt que de se réfugier dans l’Antiquité et de tourner en rond, le projet de « commune des communes » est bien plus intéressant à étudier !
Un résumé très rapide :
http://populaction.com/la-france-des-assemblees-communales-17891793/
C’est bien parce que la politique (organisation de la cité) est une affaire sérieuse que l’on doit tous y participer et ne pas la laisser « aux mains » du hasard.
« voyez-vous d’un meilleur œil l’anarchie que l’oligarchie, mais ce n’est pas mon cas. N’allez pas pour autant en déduire que je sois oligarque, grand Dieu non ! »
Parler de « mouton chef » puis dénigrer l’anarchie tout en prétextant que l’oligarchie, ce n’est pas bien non plus, j’ai du mal à vous suivre : pas de chef ni un groupe de chefs (oligarchie) mais pas d’anarchie non plus même si là, cela signifie enfin le refus du pouvoir d’un ou de quelques individus sans pour autant réfuter la nécessité d’une organisation !
L’amalgame avec le désordre, c’est toujours le fait de ceux qui refusent le partage de l’autorité… ils savent ce qui est bon pour les autres ; certains en invoquant leur rang de sortie des grandes écoles et pour la majorité en utilisant leurs titres universitaires (je ne suis pas médisante mais lucide : 3 disciplines éloignées les unes des autres, à l’étudiant de tout reconstruire pour espérer un peu une vision globale). Dans ce vivier de futurs courtisans, seront recrutés les plus conformistes afin de nous servir une soupe dont les ingrédients provoquent l’indigestion… notamment dans les médias.
A part ça, c’est intéressant de vous voir moquer l’inculture supposée du « paysan » sous prétexte qu’il ne savait pas lire, c’est là une réflexion très occidentale héritée de nos Lumières qui avaient beaucoup de préjugés sur les sauvages (et les paysans plus près), des étrangers à la Cité parce qu’elles-mêmes avaient pour référence la démocratie athénienne, laquelle rejetait les barbares. Les chiens de garde préfèrent certains philosophes à d’autres...
Ce qui ne me ressemble pas est à détruire ou à exploiter et cela continue…
Quant à l’incapacité pour le paysan/peuple d’administrer, vous ne lui déniez pas celle de discerner ce qui est bon pour lui à son petit niveau si je puis dire. En revanche, vous lui refusez la capacité à gérer plus grand parce que c’est affaire de « professionnels » et un travail à plein temps.
Il n’est donc pas autorisé à porter de jugement, à donner une direction, à contrôler voire à sanctionner parce qu’il n’est pas apte à quoi au fond ?
Le pouvoir public a pour but le bien commun. N’est-ce pas le bien-être général ? A son petit niveau, le vulgum pecus (sic) sait que le minimum, c’est d’avoir un toit, de manger à sa faim, de vivre en sécurité, éduquer ses enfants.
Si cela paraît trop compliqué aux « professionnels », c’est
parce ils sont occupés à défendre des buts différents et que personne n’est
en mesure de les contrôler. Quand votre hôte vous présente un plateau de
petits-fours, vous pouvez refuser (mais c’est un outrage) d’en manger, vous n’avez
pas le droit d’aller dans le frigo pour prendre autre chose. C’est pareil avec
l’exercice de la démocratie qui se limite à poser un bulletin de vote de temps
en temps pour « désigner » quelqu’un choisi par… d’autres. Ce n’est
pas de « l’incurie » aux yeux de ceux qui gèrent la maison.
Vous vous référez aux « cités, empires, nations »… Est-ce une si mauvaise chose que de ne pas vouloir être un César, un Napoléon, un Hitler, un Bush ou un Gengis Kan ?
La mégalomanie des assoiffés de pouvoir est érigée en valeur quand elle n’est qu’un symptôme de désordre mental avec pour conséquence, la contamination de la population.
Sinon pour Etat/nation, l’exemple de nations sans Etat abondent telles celles des Indiens d’Amérique du Nord pourtant bien connues des « éclairés », et voici un excellent article permettant de dépoussiérer le sujet :
http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/l-etat-sans-nation-102266
Pour conclure :
Je ne méprise absolument pas les philosophes… la philosophie aide à comprendre ! Pour cela évidemment, les philosophes doivent penser (au lieu de n’être que des professeurs), rester ancrés dans la réalité et partager leurs réflexions, donc ne pas communiquer en sabir. Dans le cas contraire, ils n’alimentent absolument pas le débat public.
Le langage est libérateur, le dialecte d’expert à l’usage du commun (sans connotation négative) sert à garder le savoir devers soi afin d’éviter toute ingérence et beaucoup enfumer… un peu comme tous ces magnifiques graphiques, tableaux et courbes diverses que l’on vous met sous le nez pour vous « expliquer » la crise, le chômage, le cours de la betterave et je ne sais quoi d’autre ; tout ceci dans le seul but de vous assommer sous leur « solution », l’unique bien sûr, mais celle qui défend en réalité le corporatisme et le lobby .
Ces gens là pourraient vendre des frigos aux Inuits. Les pires étant ceux qui font semblant de décrypter le dialecte nécessaire aux spécialistes entre eux dans le seul but de manipuler l’information. Grâce à ces mercenaires, nous sommes tous devenus climatologues par ex.
Propagande et communication sont à distinguer et c’est de moins en moins facile. Pour revenir aux philosophes et à certains de leurs bugs, l’idée que le capitalisme aidait à la démocratie, a fait long feu par ex encore mais continue à être diffusée. L’histoire a prouvé pourtant qu’il s’épanouissait aussi très bien en dictature. Ainsi, il s’est très bien accommodé de Franco…
Aujourd’hui, tout ceci semble vain puisque nous voilà revenus au bon vieux XIX e siècle...
Ne vous inquiétez pas Mr Guéguen de paraître insultant vis à vis du peuple en professant qu’il n’ a pas de qualités particulières ! Puisque le peuple c’est nous tous comme vous l’écrivez si bien, nos professionnels dirigeants ont de même largement démontré qu’ils en faisaient partie car eux, n’en ont étalé aucune. Il n’est pas interdit de penser qu’à nous tous, on devrait arriver au moins à ne pas faire pire !
Critiquer les « moutons » d’un côté, demander à ce qu’ils restent des moutons de l’autre, est-ce bien raisonnable de s’auto-dénigrer continuellement ?
12/12 03:15 - gusthave
@Éric Guéguen Bonjour, A vous lire (2ans après), votre définition du mot anarchie semble (...)
04/07 19:17 - Les Non-Alignés
Névrose, vous avez dit névrose ? On se demande bien qui souffre ici d’un sérieux (...)
03/07 21:55 - Éric Guéguen
@ Corinne Colas : Merci pour ce prêche enlevé. Simplement quelques mises au point : heureux (...)
03/07 20:11 - Shawford42
03/07 20:07 - Corinne Colas
@ Guéguen « Toutes les révoltes dont vous faites état ont vu à leur tête un mouton en chef, (...)
03/07 00:53 - zomboid
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