Oui, ma Charlotte, tu as bien appris ta leçon bien sagement devant ta télé. On n’a vraiment aucun mal à vous bourrer le crâne, vous les jeunots d’aujourd’hui. Avec trois gosses à nourrir dans un trois-pièces minuscule, sans salle de bain - nous nous lavions tour à tour, parents et enfants, dans une grande bassine - mes parents ont attendu la quarantaine pour disposer d’une chambre à eux et d’un téléphone. Tu as raison, ma Charlotte, avec le salaire d’ouvrier de base de mon père et les quelques ménages par-ci, par-là, de ma mère, c’était Noël tous les jours, à la maison. NOUS N’AVONS JAMAIS EU DE BAGNOLE, NOUS N’AVONS JAMAIS EU UNE SIMPLE TÉLÉVISION, c’était bien trop cher pour nous. Cette situation était celle de L’ÉCRASANTE MAJORITÉ, à la ville comme à la campagne. Tu crois vraiment que nous prenions le Concorde comme on prend le métro ?! J’ai attendu l’âge de 45 ans pour prendre l’avion, pour la seule et unique fois. J’ai attendu l’âge de 25 ans avant de pouvoir louer un tout petit studio ; j’ai vécu dans des soupentes genre cellule de moine, au septième étage sans ascenseur, avec lavabo commun (eau froide uniquement !) à un bout du couloir et chiottes à la turque communes à l’autre bout, nous n’avions pas le téléphone (trop cher !!!). Les fameuses « Trente glorieuses » N’ONT PROFITÉ QU’À UNE INFIME MINORITÉ DE PRIVILÉGIÉS, il faut vous le dire comment, en polonais ? 
Comme les ouvriers de 1936, comme les mineurs du Pas-de-Calais, en 1948, comme les ouvriers et étudiants de 1968, jeunes de toutes conditions sociales, RÉVOLTEZ-VOUS OU BOUCLEZ-LÀ !
Vous devez TOUT à ces gens-là, droits sociaux, politiques, syndicaux, libertés publiques, liberté d’expression, Code du travail, droit d’association, santé, contraception, droit à l’avortement, éducation, études… Tout cela a été arraché, le plus souvent DANS LE SANG, par ceux sur lesquels vous crachez aujourd’hui, LES PAUVRES D’ENTRE LES PAUVRES DE L’ÉPOQUE.
QUI décidait, QUI votait les lois à ton avis, ma Charlotte ? L’ouvrier agricole, la femme de ménage, le prolo à l’usine ? Ou les beaux messieurs encravatés des beaux quartiers ? C’est à EUX EXCLUSIVEMENT, aujourd’hui comme hier, aux VÉRITABLES RESPONSABLES / COUPABLES de votre situation actuelle !