On peut parler d’incivilités, mais je me pose sérieusement la question : ne s’agit-il pas plutôt de pertes de libertés engendrées par le durcissement de la société contemporaine ?
En effet, on constate dans tous les domaines des régressions qui, bien que choquantes, ne font plus réagir personne. Par exemple, dans mon immeuble, tout le monde semble trouver tout à fait normal qu’il soit interdit d’étendre son linge sur son balcon, d’y entreposer quoi que ce soit, etc... Je ne parle même pas des règles de vie commune, où le seul créneau pour utiliser un outil du genre perceuse est le dimanche de 12 à 14h00.
Cette dictature de la bienséance apparente m’ennuie profondément et montre surtout une disparition progressive du respect des autres dans le cadre de la vie en communauté.
Le plus énervant est que l’intolérant a souvent gain de cause, et qu’il peut à loisir épancher sa frustration, voire sa haine, sur les malheureux qui osent faire ce qui « ne se fait pas ». Il n’est qu’à voir aujourd’hui l’attitude pleine du sentiment du « bon droit » de certains non fumeurs à l’égard de fumeurs rassemblés dans les entrées d’immeubles. Remarques désobligeantes et insultes font vite oublier que notre cher cancer est certainement plus dû à la pollution ambiante, aux voitures et aux aliments trafiqués qu’au tabagisme passif, même si ce dernier est aussi un fléau.
Dans tous les domaines, la société, appuyée par les lois de plus en plus fréquemment, favorise l’intolérance, le repli sur soi-même et l’appel à un arbitrage extérieur pour tout conflit. On appelle la police au lieu d’aller voir son voisin parce que sa voiture gêne, par exemple, alors qu’une simple discussion arrangerait probablement les choses. Mais il semble que nous ayons de plus en plus peur du conflit et des gens qui nous entourent.
A priori la tendance n’est pas prête de s’inverser, et je me sens peu à peu devenir un inadapté...