La définition d’une ville est par excellence le contraire de l’autarcie. Ce n’est pas avec quelques potagers sur les toits et quelques SEL que vous changerez les choses mais avec des transports en commun efficaces, des voies cyclables, moins de voitures, des véhicules peu polluants, des bâtiments frugaux en énergie, des commerces de proximité nombreux, la disparition progressive du zonage urbain qui évitera les longs trajets entre logement et lieu de travail, etc...
De même que les plantes et une vie saine ne vous éviteront pas toujours la maladie, ce ne sont pas les SEL qui financeront votre IRM, le labo d’analyses, le bloc opératoire et les molécules qui vous sauveront peut-être la vie. Votre réflexion s’attache au local mais il est impossible d’envisager le fonctionnement d’une société de 65 millions de personnes uniquement à cette échelle.
On dispose de multiples exemples de sociétés de faible croissance et de sociétés autarciques. C’est le cas de presque toutes les civilisations avant la révolution industrielle, c’est le cas du bloc soviétique jusque sa chute, de la Chine jusqu’aux années 80, de l’Italie des années 30, de l’Europe pendant la guerre. Les biens sont plus rares, les situations de pénuries fréquentes, la solidarité et l’entre-aide plus fortes, la corruption aussi, il y a toujours une caste de privilégiés qui échappe à la règle, les innovations sont rares et mettent du temps à s’imposer, la hiérarchie sociale est plus rigide et la mobilité moins fréquente.
Je pense que vous n’envisagez pas toutes les conséquences de la notion d’autarcie. Si c’était le cas, vous hésiteriez à employer ce terme en lui accolant le mot « doux ».