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Commentaire de Sylvain Reboul

sur Vers un déclivage des politiques et des médias


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Sylvain Reboul Sylvain Reboul 19 février 2007 20:57

Cher Damien,

Je ne prends au sérieux aucune prétendue prévision budgétaire pour une raison fort simple : tout dépend de la manière dont on définit le déficit et ce que l’on en fait.

Un investissement pour moderniser la France et la sortir de la stagnation actuelle dans l’éducation et la recherche n’est pas plus une dette que celle de celui qui emprunte pour construire sa maison. Nul ne peut donc savoir, non pas combien cela coûte, mais combien cela va rapporter, en terme de croissance et d’emplois. Il suffirait en effet que la croissance soit au rendez-vous et que la chômage diminue pour que la question de déficit disparaisse ou tout au moins change de signification (après tout le déficit de Japon est abyssal par rapport au nôtre).

Je pense d’autre part, parce que E. Besson l’a dit lui-même, que la querelle entre SR et E. Besson ne porte pas sur le chiffrage mas sur la stratégie qui consiste à traiter la question du déficit en soi (et de vouloir faire de même avec le faux budget de NS pour lui rentrer dans le lard sans tarder), sans se demander pourquoi faire et donc sans définir au préalable une stratégie concrète d’investissement. À vouloir inverser le sens de la démarche on s’enferme dans la spirale d’une rigueur obtuse de droite qui inverse la question des fins et des moyens, qui ne peut conduire qu’à la déflation, sauf pour ceux à qui on promet au passage une baisse des prélèvements obligatoires de 4% (alors que Mme Thatcher s’était contentée de 2) dont on voit bien qui va en souffrir au regard des droits sociaux et des espérances légitimes qui sont les leurs.

Pour le moment FB surfe sur une position facile qui consiste à ne s’engager à rien pour dépasser un clivage politique pourtant bien réel entre la droite et la gauche, tout en se réclamant de la sociale-démocratie, repoussant à plus tard un débat qui peut fâcher à droite et/ou à gauche.

Mais quand il s’agira d’annoncer des décisions sur la sécu, les retraites, la fiscalité, la flexécurité, il ne pourra contenter tout le monde et son chien. Nul ne peut gouverner s’il croit pouvoir fusionner le programme du MEDEF et celui de la CFDT (par exemple).

Gouverner c’est choisir et souvent douloureusement. Je soupçonne FB de le savoir mais de retarder le moment du hoix le plus tard possible et si possible après les élections les choix difficiles pour échapper à toute critique. Je ne peux approuver une telle attitude dont la responsabilité citoyenne laisse à désirer. Mais je ne désespère pas de FB : il évolue dans le bon sens, de la droite centriste molle, alliée à la droite dure, vers une plus grande conscience des enjeux sociétaux de justice qui sont au coeur du débat politique.


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