@ M. MOUREY : En revanche, je ne comprends pas votre réticence par rapport à la philosophie. La philosophie n’a pas de frontière, ni territoriale, ni idéologique. Averroès prône la raison, c’est un point de vue sur lequel tous les philosophes peuvent s’entendre.
Je ne vois pas quel pouvoir aurait les philosophes, ni pourquoi ils ne pourraient être marqués idéologiquement. Ils n’ont rien changé au siècle de destruction que nous avons vu passé et que nous pouvons commenter. Ils n’ont rien changé à la décennie dernière, qui a vu se poursuivre les sacrifices humains exigés et les guerres que mènent au monde l’Occident. Ils n’ont pas l’oreille du politique, ni celle du « Peuple ». Les philosophes ne sont plus en odeur de sainteté en Occident, il me semble. Je dis simplement que la philosophie n’a pas le pouvoir de mettre en branle une société, par l’intermédiaire du politique. La « realpolitik » nie la Sagesse, elle ne comprend que les rapports de force bruts. Voyez avec quelle facilité le pouvoir politique a déclenché l’hostilité populaire contre les musulmans et tous les bouc-émissaires qui lui seront utiles. Cette hostilité est irrésistible dans un pays qui a perdu ses valeurs et ne croient plus en rien. Personne n’a pu l’empêcher, moins encore les « philosophes ». Certainement qu’il existait déjà un fond bien vivcace de haine anti-islam en France, une haine historique et culturelle, qui n’attendait plus que la main agile du politique pour aller brasser, mélanger et troubler les eaux françaises. Là encore, impuissance de la philosophie. Ce qui est « normal », dans une société de spectacle, dans laquelle la crédibilité a plus de poid que la Vérité, la philosophie n’a pas de place. Cette discipline n’est pas capable d’offensives pour la récupérer, elle n’en a pas les moyens. Et puis nous avons largement franchi la période dans laquelle il était (peut-être) encore possible d’espérer un mise à plat des conflits, il n’est plus possible de se dire les choses paisiblement, il n’y a plus le temps pour.