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Commentaire de Hamed

sur L'herméneutique de l'alliance du monde de l'islam et de la première puissance du monde


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Hamed 20 août 2013 20:14


@Pierre Régnier


Bonjour Pierre,


Heureux de vous lire. Tout d’abord, mon ami, vous avez une mauvaise idée du Coran. Il n’y a pas du tout d’islamisation du monde, cette idée colportée fait partie de l’intox disons qui a rapport à la géostratégie, donc utilisée en termes d’instrument de puissance. L’islamisme est instrumentalisé par les grandes puissances. Et vous le savez très bien.

Pour preuve, le pouvoir égyptien n’a-t-il pas brisé récemment la confrérie des frères musulmans ? Qui est venu en aide à la confrérie ? N’est-ce pas les États-Unis, la Grande Bretagne, l’Allemagne et aussi la France. Pourquoi la Russie et la Chine se taisent-ils ? Comme si ce qui se passe en Egypte n’est pas leur affaire. Ou n’ont-ils pas d’intérêt ?

Et pourquoi les États-Unis, la Grande-Bretagne qui est lé Mecque des islamistes, l’Allemagne, la France et autres pays soutiennent l’islamisme ? N’est-ce pas dans leur intérêt à la fois géopolitique, économique, financier et monétaire ? Pensez-vous que ces pays aiment les Musulmans ? Il est évident que non ! Mais ils les aiment par ce qui leur rapporte en termes de gains nommés supra.

Qui a mis en échec l’Armée rouge en Afghanistan ? Ce sont mon ami les islamistes ! Qui a démantelé les missiles nucléaires SS-20 déployés en Allemagne, les Soviétiques suivis ensuite pour un équilibre de la terreur le déploiement des missiles Pershing par les États-Unis. L’Europe était prise en otage, elle courait un risque de guerre nucléaire limitée. Précisément les islamistes ont contribué au double plan financier – l’URSS comme le glacis européen étaient endettés par le phénomène des pétrodollars ou islamo-dollars – et géostratégique – et militaire – l’Armée rouge a reculé puis s’est retiré d’Afghanistan face à la pression islamiste.

Et aujourd’hui encore, l’Occident joue la carte de l’islamisme, mais à ce jeu, les cartes de l’islamisme commencent à s’épuiser.

Mon ami, il faut savoir aussi que l’islamisme n’est pas l’islam. Il tire certes son socle de l’Islam, mais c’est un socle instable qui ne reflète pas le socle stable de l’Islam. L’Islam de quatorze siècles.

Mais les puissances ne savent pas qu’en instrumentalisant, i.e. en le faisant sortir de son cadre pour lequel il a été révélée, il libère une fonction herméneutique qui non seulement dépasse ce pourquoi il a été activé mais transforme l’ordre du monde.

Quant à l’Islam et ce que vous dîtes l’ « islamisation du monde », je vous cite un passage du verset 48, de la sourate 5 du Coran qui montre que cette conception est fausse : « Si Dieu avait voulu, il aurait fait de vous une seule communauté. Mais il a voulu vous éprouver par le don qu’il vous a fait. Cherchez à vous surpasser les uns les autres dans les bonnes actions. Votre retour, à tous, se fera vers Dieu ; il vous éclairera, alors, au sujet de vos différends. »

Donc, mon ami, sortez de votre esprit cette idée de forcenée (elle ne tient pas debout). Ce ne sont que des inepties de faux dévots, ou de propagande pour des esprits analphabètes qui les soutiennent. Quel serait le sens si tous les humains étaient musulmans, chrétiens, judaïques ou bouddhistes. A mon sens, le monde perdrait de sa spiritualité. Puisque nous aurons une seule religion, plus de question, plus de réponse sur le sens de notre existence. On serait alors des « moutons-humains ».

Mon ami, soyez spirituel, soyez critique, soyez enfin humain au sens propre qu’autorise l’intelligence humaine. Sortez aussi de ce que vous appelez « la violence mondialisée par l’islamisation du monde, parallèlement à la grandissante violence qu’entraîne le capitalisme mondialisé ». Deux assertions que vous avez su les rendre parallèles. Cependant il n’empêche qu’en absolu, elles sont fausses. En apparence, elles donnent cet air voulu de vérité. Mais, dans la réalité, elles sont aux antipodes. Et Jonas a vu juste quand il parlait de misère, d’analphabétisme, de sous-développement des peuples musulmans. Moi-même, je suis musulman et je reconnais que l’on est très en retard par rapport aux pays occidentaux et certains pays d’Asie. Et ce n’est pas une honte d’être en retard. Il y a du bon et du mauvais dans le retard comme du bon et du mauvais pour ceux qui sont avancés.

Par exemple, avec la liberté sexuelle en Occident, le monde musulman a encore ses traditions ancestrales contrairement à celles des pays occidentaux qui légalisent les mariages gays. Non que je sois outré de ce phénomène qui est le résultat d’un processus historique, mais nous sommes encore immunisés.

En revenant à l’islamisme, celui-ci n’a eu ses heures de gloire que depuis que le pétrole a quadruplé et n’a cessé de monter. Mais tout a une limite, et ce n’est pas avec des barbes et des djellabas ou des pétrodollars qu’on va islamiser le monde. Soyons sérieux. L’islamisme joue parfaitement son rôle dans les grands bouleversements géopolitiques qu’a connu le monde, et continue encore à jouer. Ceci pour la première assertion.

Pour la seconde, « la grandissante violence qu’entraîne le capitalisme mondialisé », mon ami, vous n’y êtes pas du tout. Sans cette grandissante violence, l’économie occidentale serait à genoux. Après les « Trente Glorieuses », i.e. jusqu’au début des années 1970, on aurait eu des « Trente malheureuses », et ce n’est pas le cas. L’Occident a continué non seulement à dominer l’économie mondiale et à tirer des gains pour tirer sa croissance économique, et aujourd’hui encore, il arrive à allonger ce processus  même avec une croissance à peine supérieure à 0%.

Pour votre gouverne, l’économie européenne a tiré sa croissance grâce à la consommation, i.e. grâce à la BCE et ses injections ex nihilo. Donc la « grandissante violence qu’entraîne le capitalisme mondialisé » que vous dîtes travaille pour toute l’Europe, les États-Unis, le monde arabo-musulman, l’Afrique, l’Amérique du Sud, y compris l’Asie… Cette violence économique cherche à reculer la récession, la crise économique qui risque de survenir. Le monde n’est pas sorti de l’instabilité de la crise de 2008 qui n’est qu’une séquence d’un long processus qui a commencé en vérité depuis près d’un siècle.

Evidemment, je ne peux pas m’expliquer, mais en lisant la partie IV que je vais publier (dans quelques semaines), vous comprendrez les phénomènes qui se jouent dans le monde. Et il faut comprendre que tout le devenir du monde dépende des forces économiques, le plus souvent souterraines, peu perceptibles parfois mêmes aux spécialistes de l’économie.   

J’espère que je vous ai apporté un petit éclairage d’un chercheur, comme m’a défini Jonas, un chercheur d’une université du souk. Un farceur, ce Jonas que j’aime bien, parce qu’il est spontané malgré les bêtises qu’il lance.

Amicalement

 


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