Cher Christian Labrune,
J’ai eu la charité de vous dire la vérité, je peux bien faire preuve de pédagogie.
Si je dis que vous ressentez le besoin de vous mettre du côté des plus forts, c’est que je fais le constat que vous êtes assez chatouilleux dès qu’on s’attaque à la politique impérialiste américaine ou au programme colonial israélien. Cette préférence marquée envers ceux qui sont objectivement les plus puissants sur le plan militaire pourrait très bien être idéologique ou affective, ce que je ne saurais vous reprocher. Mais dans le cas du présent article, on ne saurait imputer seulement à une préférence idéologique le fait de ne pas vouloir voir que Mme Goy-Chavant est victime d’une cabale odieuse sous un prétexte parfaitement dérisoire.
J’ai également parlé de la pauvreté de vos catégories de pensée et de votre manque de nuances. Il n’y a qu’à voir les schémas binaires que vous exposez à longueur de commentaires. Comme dans un film hollywoodien, c’est toujours les gentils contre les méchants : la démocratie (à laquelle il ne faut rien reprocher, ou alors on n’est pas net) contre le totalitarisme (qu’on peut charger à mort, et aux amis duquel on mettra systématiquement celui qui émet la moindre critique de nos démocraties), l’islamisme contre la laïcité, les démocrates contre les antisémites. Tout indique donc que vous ne saisissez pas la subtilité et la complexité du monde réel.
En ce qui concerne l’ignorance, elle consiste généralement dans le mensonge qu’on fait à soi-même au niveau le plus profond du for intérieur, et elle aboutit à ce résultat curieux que des personnes ayant à leur disposition tous les outils intellectuels susceptibles de leur donner de l’esprit critique n’en font pourtant rien d’autre que de s’en servir d’ornements au-dessus de leur tête. Un peu comme quelqu’un qui aurait trouvé grâce à une carte l’emplacement d’un trésor, creuse le trou, trouve le coffre, mais qui rentre chez lui sans l’avoir ouvert, ou un homme qui se met avec une belle femme juste pour la montrer montrer aux autres mais qui ne la culbute pas dans l’intimité.
J’espère que cela vous aura éclairé.