C’est terrible, tant d’interventions intéressantes ou amusantes sur un sujet passionnant ! J’aurais des tas de choses à dire mais je vais me limiter à répondre à mon compatriote Nisco, en ravalant ma frustration de ne pas pouvoir dire tout ce que je voudrais dire.
Romanche. Ce serait effectivement une excellente langue européenne (encore que certains sons, comme le « ü » et le « ö », poseraient des problèmes aux Méditerranéens et aux Slaves). L’ennui, c’est que les différences de forme selon les vallées sont énormes, si bien que le romanche consiste en fait en quatre langues. Si vous faites en voiture le col du San Bernardino, chaque village vous accueille avec une version différente du mot « Bienvenue ». Des linguistes ont concocté, en prenant un mot ici, une forme là, une langue censée être un dénominateur commun, mais les gens n’ont pas envie de changer leurs habitudes et elle se heurte à une énorme résistance ; je ne suis pas sûr que les instituteurs aient très envie de l’enseigner. Cette langue s’appelle Rumantsch grischun, où le « sch » de « grischun » se prononce comme notre « j ». Il y a tout de même un journal — La Quotidiana — qui paraît chaque jour dans cette langue que personne ne parle, mais dont l’élite intellectuelle romanchophone espère qu’elle réussira à s’imposer un jour.
Anglais. Croire que c’est une langue simple est une grave erreur. L’anglais est simple au début, mais plus on avance, plus sa maîtrise s’éloigne. Une langue simple ne devrait pas comporter de graves ambiguïtés. Or, elles fourmillent en anglais. On m’a cité le cas d’un accident d’avion dû au fait que l’aiguilleur du ciel a dit « Turn left right now » (Tournez à gauche, immédiatement), Comme le mot « right » veut dire « droite », le pilote, confus, n’ayant que quelques secondes pour réagir, a tourné à droite et collisionné un autre appareil. Bilan : 150 morts. En outre, il est difficile de s’y repérer dans la signification des nombreux composés « verbes + préposition ». Dans un autre accident d’avion, la boîte noire a enregistré les dernières paroles du pilote : << Que veut dire « pull up » ? >>. Par ailleurs la prétendue simplicité de l’anglais peut causer des catastrophes. Un avion russe qui, à Seattle, s’est posé sur une route près d’une école n’avait pas compris la phrase « Can you make the runway ? », littéralement « pouvez-vous faire la piste ? ». Si un mot peut vouloir dire n’importe quoi, on est mal barré dans les cas d’urgence.
Espéranto. Il serait, d’après vous, obligé de limiter sa complexité pour être simple à apprendre. Erreur. En fait, ce qui est simple peut être mieux adapté aux exigences de l’expression de la pensée complexe que ce qui est compliqué dans la forme. Les complications de forme (genres et pluriels allemands, conjugaison italienne, orthographe anglaise) inhibent l’expression d’idées ou de faits complexes et n’y contribuent rien, que de la frustration. Aucune raison que je perde mon temps à vous expliquer pourquoi puisque l’article « Une langue simple peut-elle être une langue à part entière » http://claudepiron.free.fr/articlesenfrancais/simple.htm fait bien le point de la question.
Bonne lecture. Vos commentaires m’intéresseront.
27/08 16:10 - Neyane
Article très intéressant qui me rappelles certains articles pro espéranto, cela m’étonne (...)
17/06 01:45 - valer
Article très intéressant ! Toutefois si vous voulez répondre à votre question de départ (Y (...)
04/03 21:49 - Gentil diable
Tant qu’à simplifier la numérotation, je ne vois pas en quoi « octante » et « nonante » (...)
22/02 16:32 - Rocla
Ce qui est sidérant , c’ est l’ incroyable adaptabilité des enfants en dessous de (...)
22/02 15:36 - skirlet
Nisco : non, je ne vois ai pas attribué des choses, c’était juste ma conclusion à partir (...)
22/02 13:07 - nisco
Merci Skirlet de t’immisser dans notre discussion ce qui lui permet de devennir encore (...)
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