Je me permet de faire part d’une analyse que vous partagerez peut-être.
Fukushima a été absent des écrans radars de l’info mainstream pendant plus de deux ans, à part quelques brèves pour nous assurer que la situation était sous contrôle et les réacteurs en « arrêt à froid » (la bonne blague quand on sait ce que signifie réellement cette procédure). Or voilà que depuis quelques jours, à l’été finissant, la presse s’empare à nouveau du sujet, rubrique fuites d’eau. Tous ceux qui ont suivi tant bien que mal les infos patiemment récoltées et analysées par les quelques blogs qui suivent l’actualité de cette catastrophe en perpétuel devenir, (je pense à Pierre Fetet et Trifouillax entre autres veilleurs) avaient pointé du doigts ces fuites à répétitions et l’ubuesque gestion des liquides contaminés sur le site.. Rien de nouveau ni de surprenant, si ce n’est l’aveu de ce qui était déjà fortement soupçonné.
Alors pourquoi ce regain d’intérêt pour Fukushima ?
Depuis le début je suis l’évolution de la situation et surtout le traitement de l’information dont elle est l’objet dans les divers canaux (officiels, presse, blogs, commentaires)
Pour moi, cela s’explique par une stratégie en deux temps. Tout d’abord la presse unanime lève les bras au ciel puis pointe Tepco du doigt, comme un enfant qui aurait encore fait pipi au lit. Focaliser sur Tepco permet d’éviter de parler du silence assourdissant qui a suivi l’appel à l’aide lancé par les Japonais. Car ceci est une première : Jamais les Nippons n’ont fait appel à l’aide internationale, que ce soit lors de séismes ou même après les holocaustes gratuits d’Hiroshima et Nagasaki. Cela a sans doute à voir avec leur sens de l’honneur. Il faut donc que la situation soit désespérée pour qu’ils ravalent leur fierté et lancent cet appel.
Nos experts nationaux, tout comme ceux des autres pays, font la sourde oreille ou se contentent de se boucher le nez en désignant Tepco comme seul et unique responsable. Personne n’a envie de se voir refiler la patate chaude.
La deuxième étape, après avoir exposé de façon biaisée l’information, consiste à fabriquer l’assentiment des populations locales et mondiales à la conclusion qui parait dès lors logique et inévitable : il va falloir rejeter cette eau contaminée dans le Pacifique.
On peut déjà voir ceci à l’oeuvre dans les conclusions de la plupart des articles de presse de la semaine dernière, qui terminent invariablement par :
La nouvelle autorité de réglementation du nucléaire japonaise (NRA) prévenait d’ailleurs lundi qu’il faudrait à un moment ou à un autre verser les eaux « assainies » dans l’océan. Il faudra pour cela que leurs taux de radioactivité n’excèdent pas ceux des rejets autorisés au Japon pour les centrales en fonctionnement, a prévenu la NRA. (source, le Figaro du 03/09, entre autres)
Sauf que les rejets autorisés pour les centrales en fonctionnements, il y a 2 ans qu’ils sont explosés à Fukushima.
Donc, voilà comment on va fabriquer l’assentiment des populations dociles : On va diluer 100 litres de poison dans 100 000 litres d’eau saine, on fournira à la presse des photos d’homme en combinaison immaculée en train de mesurer un container pour vérifier qu’il ne dépasse le tant-de-becquerels-par-litre de la norme, puis on balancera le tout par dessus bord dans la fosse septique du nucléaire : l’océan. Et personne n’osera rien dire, surtout pas les carpes dirigeantes, trop occupées à nous concocter une autre guerre/diversion (remember la Lybie en 2011 qui a chassé Fuku de l’actu).
Les élections étant passées au Japon, la troisième étape sera le redémarrage des autres réacteurs Japonais, et là aussi, il n’y aura personne pour s’y opposer, à part peut-être quelques paysans du coin, quelques femmes inquiètes et de rares bloggeurs.
Ce constat peut paraître amer, mais je préfère quand à moi, vivant sur les rivages du Pacifique, rester lucide face à la situation.