Je me permets juste une petite remarque : se préoccuper de sa vie quotidienne n’exclut pas pour autant de se préoccuper des plus mal lotis, où qu’ils soient. Seulement, et malheureusement sans doute, je peux influer sur mon environnement quotidien, alors que je ne peux rien contre le capitalisme forcené et la globalisation qui appauvrissent, maltraitent et exploitent de plus en plus de populations à travers la planète.
Alors non, je ne suis ni un vieux, ni un jeune con parce que je me préoccupe aussi de ma propre vie. Il faut bien sûr relativiser ses propres malheurs, mais le discours « ne te plains pas, il y a des gens plus malheureux » est inacceptable. Cela équivaudrait à rester à sa place parce qu’on est déjà bien heureux d’être en vie et en bonne santé, et pousserait donc à l’immobilisme. C’est au contraire en débattant et en faisant avancer les choses chacun à son niveau que l’on règle certains problèmes à plus une grande échelle.
Enfin, pour ma part je suis autant choqué par le Dakar que par ces vitrines et publicités par exemple, en plein Paris, symboles d’une abondance consumériste écoeurante, qui narguent les plus démunis à longueur de journée et apportent pour seule aide aux SDF un dossier auquel ils s’appuient pour faire la manche. Les beaux discours sur l’Afrique sont émouvants et correspondent à une réalité affligeante, mais ne doivent pas nous faire oublier qu’en martelant qu’il y a plus malheureux ailleurs, on culpabilise, on banalise la détresse des autres tout en nous faisant ravaler notre propre détresse parce qu’elle ne serait pas légitime.