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Commentaire de Roungalashinga

sur Arts martiaux, Aikido et Cultures : vers le « Dixième art »


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Rounga Roungalashinga 17 septembre 2013 11:46

Ce qu’on appelle les « arts martiaux » puisent leur source dans les techniques guerrières élaborées dans des temps immémoriaux, et qui ont été compilées et affinées par la suite. La fonction de guerrier a toujours revêtu une dimension spirituelle, le guerrier étant celui qui fait le sacrifice de sa propre vie et qui applique un code d’honneur censé limiter les horreurs liées à la guerre (pillages, viols, massacres de civils). Traditionnellement, le guerrier est donc l’agent de la préservation luttant contre les forces de destruction. En chinois, l’idéogramme wu, qui signifie « guerrier », est composé de l’idéogramme représentant une main, qui signifie « stopper », et de l’idéogramme représentant une hallebarde, signifiant « violence ». Le guerrier est donc celui qui stoppe la violence.
Le guerrier a un souci d’efficacité, car l’échec, c’est la mort. C’est pourquoi l’art guerrier est le lieu du secret. On ne dévoile pas des techniques trop efficaces à des personnes qui pourraient un jour les utiliser contre soi, et on fait en sorte de cacher à l’adversaire toutes les informations dont il pourrait tirer profit. C’est pourquoi l’art de la guerre consiste, comme le dit Sun tsu, à se connaître et à connaître l’adversaire. La connaissance du guerrier doit donc être totale, à la fois tournée vers l’intérieur et tournée vers l’extérieur. Tous les éléments sont donc présents pour faire de cet art une pratique ésotérique.
Du point de vue individuel, la maîtrise technique et les capacités physiques du guerrier ne suffisent pas. Dans un combat en face à face, l’issue se trouve en une fraction de seconde. Par conséquent le combattant doit abandonner tout ce qui empêche son esprit de s’écouler avec fluidité. L’action n’est pas intellectualisée, l’esprit reste ouvert, vide et disponible, le corps est détendu. Il n’est donc pas étonnant qu’à la fin du règne des Tokugawa, à l’époque où les samouraïs ont commencé à être « has been », ceux-ci se soient tournés vers la pratique du zen. Comme dans le zen, ce n’est pas l’individu qui agit, mais il s’unit avec l’univers pour le laisser agir à travers lui-même. C’est à ce titre qu’on peut rapprocher les arts martiaux des pratiques artistiques et religieuses : dans celles-ci le fidèle s’humilie pour se soumettre à la volonté divine, dans celles-là l’artiste se dénude pour exprimer ce qu’il a au fond de lui (ou il se laisse visiter des muses). On peut d’ailleurs faire remarquer la qualité des peintures de Myamoto Musashi, qui montrent que la compréhension profonde de l’art de la stratégie ouvre la porte à la maîtrise artistique.


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