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Commentaire de AlainV

sur L'électorat de gauche aux abonnés absents


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AlainV AlainV 8 octobre 2013 10:12
En première analyse, ce sont avant tout les près de 70% d’abstentionnistes de ce premier tour qui ont permis ce score brutal du FN (49% si l’on totalise les voix qui se sont portées sur les deux candidats d’extrême-droite) dans une cantonale partielle dont le précédent élu était effectivement un membre localement connu du PCF (maire de Brignoles mais qui ne se re-présentait pas cette fois).
Nous savons depuis des décennies que s’il est une catégorie d’électeurs qui ne s’abstiennent jamais, ce sont ceux qui votent régulièrement FN ; les autres peuvent voter FN une fois ou l’autre, en guise de protestation ou par désespoir et/ou perte de boussole, mais ils ne forment pas le gros des batteries d’électeurs de ce parti.
 
Donc forcément, lorsque les électeurs lambda s’abstiennent en masse (ce fut le cas à Brignoles dimanche) parce qu’ils jugent que le jeu n’en vaut pas la chandelle ou qu’ils sont désabusés (et écoeurés) par la politique générale menée par le gouvernement en place, les troupes ramassées et mobilisées d’électeurs du FN apparaissent pour ce qu’ils ne sont pas (encore) : une déferlante ou un tsunami. Car le nombre absolu de voix collectées par le FN (et son dissident) n’a guère augmenté dans ce scrutin cantonal partiel.
 
Mais ce qui se confirme, c’est la très nette tendance à la remontée de l’abstention (elle avait ralenti aux présidentielles, elle a même légèrement baissé chez nos voisins aux dernières élections législatives en Allemagne par rapport au scrutin de 2009).
Contrairement à ce que l’on croit, le taux d’abstention est très élevé aux cantonales, qui sont pourtant des élections « de proximité » ; aussi élevé ou presque qu’aux européennes, qui sont des élections « éloignées » donc mal comprises et perçues. Mais l’élection des conseillers généraux l’est également, les citoyens-électeurs ne sachant pas bien à quoi ils servent.
Mais plus grave encore : l’abstention commence à grimper sévèrement aux élections municipales (35,5% au 1er tour de 2008 et 31% au second tour), qui étaient jusqu’ici épargnées par ce phénomène (taux d’abstention entre 21 et 31% entre 1959 et 1995, au premier tour).
En comparaison, abstention de l’ordre de 55% aux européennes et 45% aux régionales  ; 13% des inscrits ne sont pas allés voter du tout aux deux tours des présidentielles de 2012, et 12% n’ont voté ni aux présidentielles ni aux législatives qui ont suivi.
C’est dire que la nature du scrutin et les enjeux de celui-ci (du moins leur perception) sont déterminants dans la détermination de l’intensité de l’acte civique.
Il est malheureusement à craindre que l’abstention grimpe en flèche aux prochaines municipales, si nous ne parvenons pas à faire entendre la voix d’une gauche réelle qui puisse fixer ces électeurs désabusés mais refusant, par fidélité aux valeurs progressistes et républicaines, de donner leur voix à un parti qu’ils savent anti-républicain et anti-démocratique, diffusant un discours aux antipodes des valeurs de fraternité, de coopération entre les peuples et d’internationalisme. Une liste qui soit en même temps crédible pour tous les électeurs.

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