Comme toujours avec Mélenchon, le problème est sur le fond non ce
qu’il dit, mais ce qu’il ne dit pas, ce que sa pensée suppose. Plus
exactement sur ce que son allusion au « protectionnisme solidaire »
tente de masquer, et qu’il faut s’attacher à décrypter. Ce concept, qui
malgré tout tente de reprendre à son compte l’idée de protectionnisme
(cela va donc plutôt dans le bon sens), la reprend effectivement mais
sur une base essentiellement de relocalisation pour motif écologique.
C’est une esbroufe (une de plus) comme il les aime.
Remarquons déjà qu’aucun théoriciens sur le protectionnisme, à ma
connaissance, ni même ceux en faveur du libre-échange, n’ont jamais
admis le recours au protectionnisme pour raison écologique. On pourra
m’objecter que le contexte d’il y a 50 ou 100 ans n’est pas celui
d’aujourd’hui, ce qui est en partie vrai.
Marx
lui-même était un fervent libre-échangiste, non pour la raison qu’il
fut un suppôt du Capital, mais bien parce qu’il pensait que l’avènement
du capitalisme à l’échelle du globe, que permettait précisément le
libre-échange mondial par capillarité, allait provoquer son effondrement
définitif par les contradictions qui lui étaient selon lui
consubstantielles. Cette vision est largement battu en brèche
aujourd’hui, devant la résilience du système et sa capacité à muter.
Non le grand reproche que l’on peut faire à l’argumentation en creux de Mélenchon, c’est qu’il n’est nul besoin de recourir au prétexte écologique pour justifier du recours à des mesures protectionnistes
que, par ailleurs, tous les pays du monde, et singulièrement la Chine
bientôt première puissance économique du monde, et d’autres puissances
« émergentes » (je pense également à la Corée du sud), pratiquent déjà
bel et bien. Pas l’usage de quotas et de restrictions diverses et
variées, par la manipulation de leurs monnaies et des taux de change qui
leurs sont associés, par des législations contraignantes et des taxes à
l’importation etc…
Le recours au
protectionnisme - et plus sûrement la bêtise crasse qui a conduit que
l’on abandonna cet attribut objectif de puissance et de souveraineté, en
parfaite droite ligne d’autres abandons du même type que nous avons
commis ces trente dernière année sous l’influence d’une idéologie
délétère néolibérale, en même temps qu’elle fut cautionnée par les
bonnes consciences internationalistes d’une partie largement majoritaire
de la gauche, qu’elles furent d’ailleurs conscientes ou inconscientes
de cela - le recours au protectionnisme donc, est une « ardente obligation » pour paraphraser de Gaulle. Indépendamment de la question écologique par ailleurs.
Car le recours au protectionnisme est notre droit le plus strict
afin sauvegarder notre économie, nos emplois, nos industries (sans
lesquelles toute volonté de puissance est vaine), nos secteurs
stratégiques, faire simplement montre de notre liberté et droit à
l’autodétermination, à l’indépendance et à la souveraineté. Toute chose
par ailleurs de parfaitement admis par les mêmes bonnes consciences dès
qu’il s’agit de peuples qui ne seraient pas à majorité blanche et
européenne. On devine d’ailleurs ici toute la charge émotionnelle de
repentance, de contrition, et de haine de soi, qui borde encore le cadre
idéologique de nos élites politiques, journalistiques, académiques et
culturelles continentales. Et dont Mélenchon est le digne représentant,
lui l’ancien de SOS-Racisme.
Je
ne manque pas de poster cette archive, qui, devant l’histoire, étaye
selon moi parfaitement le problème fondamental que pose le recours au
protectionnisme à tous ceux (et ils sont encore nombreux parmi les
élites précitées) qui sont façonnés, sincèrement ou par calcul
(notamment politique), par l’idéologie internationaliste - qui n’est en
fait que le pendant gauchiste du mondialisme droitard - et derrière
elle, la notion d’universalisme qui lui est inhérente. Universalisme
dont on sait par pratique de l’histoire contemporaine combien il est
prégnant parmi les loges affairistes franc-maçonnes. Et c’est tout sauf
un hasard s’il rejoint ici aussi les considérations et priorités de la
super classe mondiale, apatride et relativement cosmopolite.
Votre tete doit vous empêcher de passer les portes.... !!