Je crois savoir que la laïcité en Belgique est différente de celle qui existe en France. Chez nos amis Belges, le « pilarisme » (j’espère que je n’écorche par l’orthographe) permet une reconnaissance de chaque religion et de chaque
organisation de non-croyants. En France, c’est la séparation de l’Etat et des religions. L’article 2 de la loi de 1905 est clair ! l’Etat ne reconnaît, ni ne subventionne aucun culte. Quant aux athées, déistes, agnostiques, on n’en parle pas.
Par ailleurs, je pense que les problèmes de l’enseignement public en Belgique, comme en France, est davantage à considérer d’un point de vue de politique mondiale que dans une opposition public/privé. Nos deux pays, comme la plupart des Etats, souffrent du fait que « le politique » est maintenant soumis à l’économie et plus exactement à la finance internationale. Tous les services publics qui peuvent entrer dans le marché doivent être libéralisés. Il existe un vieux texte des années 1990 de l’OCDE qui précise les conditions dans lesquelles les gouvernements peuvent imposer ce principe en faisant le minimum de dégâts, avec des conseils très précis concernant l’école. Nous avions une bonne école publique, qui fonctionnait bien, mais depuis quelques décennies nos dirigeants se sont évertués à la détruire, en la privant de ses qualités par des réformes plus mauvaises les unes que les autres, en supprimant par exemple la formation des professeurs alors que ce métier est fondé sur bien d’autres connaissances que celles de la matière enseignée, en faisant des écoles-ghettos par la suppression de la carte scolaire etc... Le but pourrait être de former des citoyens capables de produire, mais incapables de réfléchir, mais je pense qu’il est surtout envisagé de faire sortir l’enseignement de la responsabilité étatique pour le confier au « marché ». A mon avis, ce sera un fiasco, car l’école ne peut pas être une entreprise ou un commerce : on en voit la preuve dans la politique commerciale de certaines écoles privées qui se séparent volontairement des élèves les plus faibles en approchant de l’année du bac ou encore font passer des jeunes moins fiables en candidats libres. La ville de Chicago a réussi ce tour de force de remplacer la plupart de ses écoles publiques par des écoles du marché. Il ne reste plus que quelques écoles publiques abandonnées aux classes les plus pauvres, les plus en difficultés. Cala crée un tel problème, avec des poches d’insécurité, qu’ils ont décidé de faire marche arrière et créer des écoles publiques bien financées.