La revue Politis affirmait de Paris que Philippe Poutou allait manifester « avec le patronat, le FN et les identitaires ». La réponse de Philippe vous concerne également vos critiques étant identiques à celles du journaliste...
« Droit de réponse à l’article de Michel Soudais paru sur le site de Politis le 1° novembre 2013
Jeudi 7 novembre 2013
Vous avez le droit d’écrire ce que vous
voulez, c’est la liberté de la presse et on est archi pour. Vous avez
aussi le droit visiblement d’écrire n’importe quoi, de traiter un sujet
sans scrupule et du coup d’insulter des manifestants, des militants, des
organisations politiques et syndicales. Pourquoi pas. Dans ce cas, je
demande logiquement à utiliser mon droit de réponse.
En aucun cas le Npa et les autres participants à la manifestation de Quimper n’ont manifesté « avec le patronat, le FN et les identitaires ».
Dans cette manifestation, contrairement à ce que vous affirmiez, il
n’y avait pas de dirigeants du FN, il n’y avait aucun drapeau, ni
banderole, ni slogan ni rien du tout pouvant identifier le FN. Les
identitaires comme les réacs de la « Manif pour tous » n’étaient qu’une
poignée. L’UMP n’était représentée que par une brochette d’élus (mais
cela n’arrive-t-il jamais dans les manif de salariés ?) Le Medef en tant
que tel n’était pas représenté, même pas à la tribune où des
organisations patronales ont pourtant pris la parole.
Alors oui cette manifestation ne ressemblait pas
aux manifestations habituelles. C’était une manifestation dominée par un
sentiment régionaliste qui laisse la place à une participation très
diverse socialement et politiquement. Mais cette manifestation était
avant tout très majoritairement populaire, elle était l’expression d’une
colère populaire contre la crise, contre les difficultés de vivre,
contre la souffrance quotidienne. Ce sont des salariés (Gad, Doux,
Tilly, Marine Harvest …), des chômeurs, des retraités, des jeunes, des
militants CGT, du Front de Gauche, d’Attac, de l’UDB, de Breizhistance,
des Alternatifs, des Zadistes de NDDL, du NPA … qui ont manifesté. Parmi
les 30 000 personnes, il y avait bien sûr des paysans, des petits
exploitants, des commerçants victimes de la crise ou solidaires.
Non cette manifestation n’était pas à l’initiative
du Medef ou de la droite. Même si, c’est évident, il y a des tentatives
de récupérer ou de dévoyer la colère des gens d’en bas. Il y a eu une
volonté d’intoxication par le traitement médiatique de l’événement.
Pour rappel, à l’origine, c’est le Comité pour
l’emploi de Carhaix qui a décidé d’organiser cette manifestation lors
d’un meeting le 18 octobre. Un meeting de solidarité envers les salariés
de Marine Harvest. C’est après l’action du 26 octobre que les
« anti-écotaxes » ont appelé à poursuivre le mouvement le 2 à Quimper. Là
effectivement, le message commençait sérieusement à se brouiller.
Il n’y avait pas de raison de déserter cette
manifestation. C’était au contraire aux syndicats, aux associations, à
la gauche radicale de tout faire pour que cette manifestation garde
clairement un caractère anti-licenciements, anticapitaliste. Avec nos
petits moyens, nous avons d’ailleurs constitué un pôle « gauche » dans
le cortège avec les autres organisations présentes et nous étions les
seuls à avoir des banderoles, des drapeaux en dehors des très nombreux
drapeaux bretons. Et nous n’avons pas été vus comme des
extra-terrestres, au contraire même.
Nous étions à notre place à Quimper : avec le bas
peuple révolté mais aussi pour défendre une perspective progressiste et
des solutions de gauche à la crise, pour faire entendre une voix
anticapitaliste. Il s’agit tout simplement de construire concrètement
une opposition de gauche au gouvernement pour ne pas laisser la droite,
l’extrême droite ou le patronat prendre le contrôle du mouvement, ce
qu’ils n’ont pas encore réussi à faire. Oui il y avait une bataille
politique à mener. Dans cette manifestation et non pas à 70 kilomètres.
Pour finir : le NPA, avec ses militants de Carhaix,
de Quimper, de Brest ou de Lorient en sait autant que vous sur la
situation bretonne. Ce n’est pas la peine de se la jouer condescendant
ou méprisant. Nous souhaitons évidemment que les désaccords politiques,
les discussions autour de la nécessaire rupture avec le PS et son
gouvernement libéral puissent se mener sans passer par le dénigrement ou
l’insulte.
Philippe Poutou, le 6 novembre 2013 »