Plus sérieusement, d’après ma toute petite expérience de la culture banlieue et de leur sociabilité, « blanc » désigne celui qui appartient à la société « normale » et est étranger à leur sous-culture (au sens sociologique). J’ai même entendu dire d’un arabe qu’il était devenu blanc. D’après mes souvenirs, il y avait un regard ethnique, mais pas dominant, peut-être moins d’ailleurs que la moyenne de la population française. Les codes culturels ont un rôle à la limite plus important. Mais il y a le grand critère dans la sociabilité de cités, qui est l’affiliation à des groupes et l’inscription dans des cercles de relations sociales très complexes, être connu, avoir sa réputation, être considéré comme quelqu’un avec qui tu peux trainer, tu connais x qui te fait serrer la pogne à y qui est un grand pote à n qui tape le ballon avec x. Le blanc, c’est avant tout celui qui n’est ni dans leurs cercles de sociabilité (ce qui exclut les ennemis du quartier voisin qui ont la même sous-culture) ni ne partage leurs codes culturels. Lui peut se faire voler et taper gratuitement (voir les émeutes lors du CPE) par la frange délinquante dure des cités (pas tous, loin de là). Et le gars isolé, blanc, noir ou arabe, qui veut pas rentrer dans ce jeu des relations et affiliations ? Suffit juste qu’il ait de la chance et qu’on ne décide pas de le prendre pour cible. Personnellement, j’ai trainé quelques mois avec ce genre de gars, je leur ressemblais pas mais comme mon voisin de chambre U disait que j’étais un bon gars (toujours ce schéma, un type déjà connu se porte garant de la fiabilité du petit nouveau inconnu), pas de problèmes avec eux. Pas racistes au sens de Pie, assurément. Un peu xénophobes mais faiblement (et j’ai vu dix fois pire chez les blancs), un antisémitisme par contre nettement plus affirmé, chez les gars que j’ai connus. Le blanc, c’est avant tout l’extérieur.
« sale blanc », il faut aussi le comprendre dans le contexte de la langue de banlieue, où les mots-valises sont très fréquents et les signifiants et signifiés sont nettement plus interchangeables que dans la langue ordinaire. Dans mon groupe, c’étaient les « Zébi » et « zarma » qui étaient très fréquents, deux interjections qui voulaient tout et rien dire, un peu comme « banave », un verbe à l’emploi à peine plus circonscrit que « schtroumpfer » chez Peyo.
Si un jour le King/Albatar revient, demande lui confirmation, il connait bien mieux ces codes sociaux que moi.