je ne suis pas sûr que c’est dans ce « Renonce à tout autre culte » qu’il faut lire qu’il faut s’affranchir des règles. Comme je l’ai dit et je ne vais pas y revenir pour moi la BG dit le contraire : accomplit les actes prescrits. Mais admettons que tu ais raison.
Il y a en effet des différences notables dans les traductions, mais le sens global reste le même. La traduction d’Anne-Marie Esnoul et Olivier Lacombe dit textuellement : « Abandonnant tous tes devoirs, ne viens qu’en moi chercher refuge ». Il s’agit bien d’un abandon des lois. Ailleurs je ne me souviens plus où Krishna dit que seul celui qui est absorbé en lui est exempt de tout péché, même si c’est homme là commet un meurtre ! On ne peut pas être plus clair. Cela va de pair avec ce que dit le Christ sur l’homme né de l’Esprit : on ne sait pas où il va, ni d’où il vient. On ne peut pas le juger quoiqu’il fasse. Ceci dit je suis d’accord que Krishna ajoute : « ne dis ce secret à personne, sauf à celui qui a de la dévotion à mon égard ». Il y a donc bien en effet, le risque de se déclarer spirituel affranchi trop tôt et de se laisser aller à la licence. Les frères du Libre Esprit au Moyen-Âge sont là pour en témoigner.
Quant au secret demandé par Krishna il est un peu caduque puisque ce texte fait partie de la culture indienne depuis longtemps, et maintenant mondiale.
Je lis ici aussi « ne répète mes paroles ni à... » qui me donnent raison en parlant du caractère élitiste de certains enseignements spirituels. Parce qu’enfin, combien sont réellement capables de s’affranchir des règles - en étant pleinement soumis au divin - et combien croiront qu’il s’agit là d’une licence à faire n’importe quoi ?
Répondu plus haut.
Il y a dans le bouddhisme (je crois) un précepte qui dis qu’il faut « tuer le maître » mais enfin, pour tuer le maître il faut commencer par en avoir un.
La où toi et Mandon vous vous égarez c’est de confondre le but et le chemin. Un argument que l’on entends souvent contre les religions, c’est de dire que les croyances ne sont que des béquilles. Peut-être. mais irez vous supprimer les béquilles à un infirme. si la béquille existe, c’est que les gens en ont besoins.
Mais j’utilise des béquilles ! Simplement ces béquilles me sont personnelles. Et je ne me suis pas affilié à une tradition spirituelle précise. Je peux difficilement faire autrement d’ailleurs, vu que les christianismes officiels sont pour moi dénaturés. Je ne vais donc pas me forcer à venir à une confession à laquelle je n’adhère pas. Les christianismes officiels affirment le libre-arbitre. Moi, non. En accord avec la Gîtâ. Vais-je pour autant adhérer à l’Hindouisme ? Quelque part, de cœur c’est déjà fait. Et pourtant je me sens bien chrétien aussi puisque j’adhère à ce message.
Tout enseignement authentique spirituel passe par l’obéissance, par la soumission absolue envers le maître. on peut juger que c’est de l’abus de pouvoir, mais en réalité, le véritable maître que le disciple doit vaincre est d’abord en lui-même et c’est seulement lorsqu’il aura tué ce maître intérieur qu’il sera libre du maître extérieur.
Je vous conseille la lecture de Simone Weil dont l’esprit d’obéissance est évident pour celui qui sait lire. Et pourtant elle n’était affilée à aucune confession. Il y a des obéissants en dehors des confessions qui sont bien plus obéissants que des non-obéissants appartenant à ces confessions. Et qui jouent aux obéissants. Le Christ les appelait Pharisiens et il les vomissait. C’est d’ailleurs pour cela que le Christ violait les lois régulièrement. Il ne respectait pas le Shabbat et n’hésitait pas à mener bonne chère avec les vomis de la société d’alors.. D’ailleurs le Christ n’a jamais appelé à aucune autre loi qu’à aimer Dieu et son prochain. Pour le reste il faisait des dessins dans le sable pour montrer que le vent allait bientôt emporter tout cela.. Notons ici qu’en hébreu, vent et esprit, c’est le même mot.
Le seul maître véritable c’est le Soi. Et CG Jung l’avait bien compris lui qui naviguait sur les eaux spirituelles sans confession aucune. Il affirmait que la seule Église véritable était l’Église intérieure. Et seule une religion individuelle avait grâce à ses yeux. C’est pas difficile à comprendre du reste. La masse des fidèles entraîne obligatoirement les confessions religieuses vers le bas. Suffit de voir le sens dégradé des paroles évangéliques véhiculé par les clercs, sans compter l’absence complète d’intelligence des textes surtout ceux à connotation symbolique. L’Apocalypse étant un modèle du genre. Un homme qui a quelque exigence métaphysique ne peut que fuir tout cela. Il y va de son salut personnel. Et alors il monte seul à bord de son esquif et largue la grand-voile..
Quant au maître nécessaire j’en ai eu plusieurs. Jean Eckhart, Angelus Silésius, René Guénon, Henri Suso, Tilopa, Lao Tseu, etc.. Ils sont morts ? Et alors ? Est-ce que pour antant ces enseignements sont morts ? Bien sûr que non.
Le grand avantage de l’époque moderne c’est que l’on peut avoir accès à tous les textes religieux de la planète. Alors oui bien sûr certains vont s’y casser les dents et faire n’importe quoi et dériver vers un syncrétisme new-âge de bas de gamme. Ce n’est pas forcément un mal d’ailleurs. S’égarer fait partie du chemin. Quant aux autres ils feront la synthèse et verront l’essentiel qui est commun à tout cela.
Enfin j’ai du mal à comprendre votre attitude de regret de ce comment sont les choses aujourd’hui de la part d’un musulman. Car pour un musulman les choses sont déjà écrites. Allah est tout puissant et éclaire qui il veut. En conséquence il n’y a pas de regret à avoir car c’est Allah qui dirige les choses et c’est cela la vraie soumission. Accepter les choses telles qu’elles sont.
En fait, pour un musulman, je vous trouve étrangement, très occidental.