@ Antenor
Campagne médiatique certainement, parce qu’il s’agit de faire basculer l’opinion du côté du mouvement essénien réformateur, d’abord de Jean, puis de Marc, puis de Luc, puis de Matthieu. Je pense toutefois que cela correspond à une « évangélisation » bien réelle, historique, qui s’applique sur le terrain. Mais comme cela s’étale dans le temps, il s’agit de comprendre les modifications et les corrections.
Voyez mon explication de l’homme libéré par Jésus de son esprit impur qui va s’engloutir dans la mer de Galilée.
D’abord, dans l’évangile de Marc, c’est le pays des Guéraséniens qui est concerné. Voyez Wikipédia. Gérasa a été fondée par Alexandre, donc peuplé par des Grecs. Comment interpréter la « semence » qui sort des tombeaux ? Population locale enchaînée, colonisée ? Belle description par l’évangéliste d’une rebellion endémique qu’attise le mouvement essénien extérieur de Galilée ? Je cite : « Jésus, ne me torture pas ! » S’agit-il d’un Jésus libérateur ? Il fait sortir l’esprit impur de l’homme, homme forcément impur puisqu’il mange du cochon. Les termes légion et 2000 veulent seulement dire qu’il s’agit de la grande majorité de la population, non seulement 1000 mais 2000. Ensuite, il faudrait comprendre que Jésus libérateur a imposé une autre stratégie, non violente peut-être mais tout aussi efficace : évangélisation, conversion au judaïsme essénien ; en pratique : interdiction de manger du porc (cf aujourd’hui : obligation de porter le voile). En contre-partie, les Guénésariens demandent à Jésus l’assurance de rester dans le pays.
Ensuite, dans Luc, l’évangéliste dit à peu près la même chose mais il précise toutefois qu’il est demandé à Jésus de s’en aller « par crainte ». Par crainte de quoi ? d’une répression ? Ce en quoi Jésus s’exécute tout en comptant néanmoins sur la partie de la population qu’il a convertie (guérie) pour qu’elle continue « l’évangélisation ».
Ensuite, dans le dernier évangile, Matthieu résume l’affaire mais en l’étendant à tout le pays Gadarénien, ce qui indique un territoire à conquérir plus étendu. Comme je vous l’ai dit, c’est la patrie du philosophe épicurien Philodène et d’autres, donc des gens très impurs pour des Esséniens. Pourquoi deux démoniaques ? pour dire plus qu’un = 2000 ? Matthieu précise que « personne ne pouvait passer par le chemin », ce qui montre bien l’insécurité que ces « impurs » faisaient régner. Il y a toutefois, semble-t-il, une petite nuance. Jésus n’intervient pas pour chasser les démons de ces hommes impurs (prudence diplomatique à l’égard du pays voisin ?). Il dit seulement « allez ! » et ce sont d’eux-mêmes que les démons vont se jeter dans la mer.