Finalement, je pense que l’affaire est beaucoup plus simple et qu’il est difficile d’avancer des hypothèses qu’on ne peut pas prouver. Je me réfère à la traduction de Tresmontant que je considère comme la seule valable.
« est venu à sa rencontre
sortant du milieu des tombeaux
un homme [qui était] dans l’esprit impur
son habitation était dans les tombeaux »
L’homme ou les hommes qui sont dans l’esprit impur sont ceux de Gérasa. C’est une cité qui rassemble des citoyens. Le cimetière est dans la ville. Pour Marc, c’est interdit (cf Tibériade qu’Hérode Antipas a fondée sur des tombes, ce qui empêchait les morts de se « relever ».). Quand Jésus maudit les villes qui ne se sont pas converties, il les nomme nominativement (Mt 11, 21 – 23). Marc fait peut-être ici une nuance en ne condamnant pas la cité entière.
Dans les chaines et les liens, il ne faut peut-être pas voir autre chose que les chaines et les liens du possédé de Capharnaüm (page 95 de mon Histoire du Christ, tome 2). Mon interprétation de son impureté était qu’il était resté dans les vieilles croyances cananéennes dont les pratiques étaient condamnées mais toujours pratiquées malgré les peines d’emprisonnement. Par contraste, la population juive (paralytique) est confortée dans sa croyance.
« dans les tombeaux et dans les montagnes
il criait et il se frappait lui-même avec des pierres »
C’est une allusion à ces pratiques exhubérantes
Le « sors l’esprit impur de cet homme ! » et le « ne me tourmente pas » sont semblables que pour l’homme impur de Capharnaüm. On est bien dans la croyance juive qu’il y a, vivant dans l’individu, un esprit impur (cf. chapiteaux de Vézelay)
Mais, ici, à Gerasa, Marc évoque une légion d’esprits impurs qui sont dans la cité que Jésus s’apprête à chasser. Si Gerasa demande à ce qu’ils ne soient pas chassés en dehors de la ville, c’est probablement pour ne pas contaminer le territoire. Il y a donc conciliabule avec ces esprits, lesquels acceptent – moindre mal – de se retrouver dans les poissons du lac ; mais où évidemment, ils se sont noyés avec les porcs qui les ont transportés.
Qui sont les gardiens du troupeau ? Si l’on se réfère aux bergers de l’Annonciation, ce serait les chefs qui commandent à la troupe militaire du maintien de l’ordre. Le troupeau serait les soldats.
Peut-on voir dans le troupeau de porcs, l’équivalent contraire du troupeau de moutons d’Israël de l’Annonciation et dans les bergers, les chefs qui commande. Peut-être ? Mais rien ne permet d’aller plus loin.
Seul, le passage de Matthieu Mt 8, 28, « ils étaient très redoutables tellement que personne ne pouvait plus passer par cette route-là. » permet de penser que Gadara protégeait ses entrées, l’arme à la main, et que les disciples étaient entrés sur le territoire de même, l’arme à la main.