@ Roche :
Bien que des émeutes aient lieu après l’assassinat, les négociateurs
parviennent à un accord pour fixer les premières élections nationales
non raciales du pays à la date du 27 avril 1994,
correspondant à l’expiration normale du mandat présidentiel de de
Klerk, soit à peine plus d’un an après le meurtre de Chris Hani.
Avant les élections, Nelson Mandela doit réussir à éviter un éclatement
du pays et une guerre civile en négociant d’une part avec le général Constand Viljoen, chef du mouvement Afrikaner Volksfront
(ou Front afrikaner, AVF) fédérant plusieurs organisations politiques
conservatrices ou d’extrême-droite, qui réclame la création d’un Volkstaat, c’est à un dire un État « ethniquement pur » pour les Afrikaners, et considère Frederik de Klerk comme un traître, d’autre part avec le roi des zoulous Goodwill Zwelithini kaBhekuzulu qui veut créer son propre État zoulou au Natal.
Les discussions avec Constand Viljoen ont lieu grâce à son frère
jumeau qui entretient d’anciennes relations avec l’ANC. La première
rencontre a lieu entre Mandela et Joe Modise chef de Umkhoto we Sizwe d’une part, avec les dirigeants de l’AVF, Constand Viljoen et Tienie Gronewald, de l’autre.
Pendant trois mois et demi, plus de vingt réunions ont lieu entre l’ANC
et l’AVF. Elles aboutissent à un protocole d’accord sur la constitution
d’un groupe de travail bipartite pour examiner la possibilité de créer
un volkstaat, en contrepartie de quoi l’AVF s’engage à décourager toute
action pouvant faire capoter la transition politique. Ce protocole est
cependant dénoncé par une partie de l’extrême droite mais aussi par le
parti national. C’est l’expédition militaire ratée au Bophuthatswana pour venir en aide à leur allié, le président Lucas Mangope qui refuse de réintégrer le bantoustan dans l’Afrique du Sud, qui convainc Viljoen de se désolidariser de ses alliés du parti conservateur et surtout de l’extrémiste et très peu fiable mouvement de résistance afrikaner.
Après avoir joué les intermédiaires entre le président F.W. de Klerk et
Lucas Mangope, Constand Viljoen prend unilatéralement la décision
d’inscrire, dix minutes avant la clôture des inscriptions, son nouveau
parti, le front de la liberté, pour participer aux élections du 27 avril.
Voulant rassembler toutes les tendances d’une société divisée par
l’apartheid, Mandela propose à Viljoen d’intégrer le gouvernement
d’unité nationale.