C’est là qu’il devient intéressant de définir le sens des idées des mots.
La réalité c’est le fait intangible, le fait brut : la terre tourne autour du soleil, l’eau devient liquide au dessus de zéro degré, l’air est un mélange gazeux invisible.
La vérité c’est une interprétation, souvent majoritaire, de la réalité : le père noël existe, les dieux aussi, la terre est plate, les noirs sentent mauvais, etc.
Ainsi on croit en une vérité alors que l’on sait, on comprend une réalité. C’est le principe de la démarche scientifique : tester une vérité, une hypothèse pour voir si elle correspond en pratique à la réalité. La vérité est subjective, la réalité est objective.
Et tous, nous avons à faire face à la cohérence ou non, entre réalité et vérité. Le doute légitime face à toute information-vérité dont on nous abreuve, en veux-tu en voilà, est l’arme de « l’homme qui sait qu’il sait ». Actuellement les adeptes de la vérité appellent cela complotisme ou conspirationnisme, mots qu’ils ont du inventer pour valider leurs vérités, et réfuter toute remise en question de celles-ci. Avant on disait « hérétique ».
A partir de là, la vérité est manipulable. On accuse son chien d’avoir la rage (vérité) quand on veut le tuer (réalité). On reçoit Khadafi grand démocrate (vérité) quand on veut lui acheter ses hydrocarbures, lui vendre des armes ou financer sa campagne électorale (réalité) ; ensuite on l’accuse d’être un salop de dictateur (vérité) quand on veut le tuer (réalité).
Le journalisme ou la justice ont justement pour noble objectif de comparer les vérités de chacun pour s’approcher le plus possible de la réalité unique qui ne souffre d’aucune interprétation. C’est pour cela que l’on constate l’échec des journaux partisans et des partis politiques, tous figés sur leurs vérités qui forcément décrivent la réalité de manière incomplète.
Pour conclure, le vérité est du mensonge potentiel, volontaire ou non, et c’est à ce mensonge volontaire qu’il faut botter les fesses : il faut le bouter hors de nos esprits, hors de notre culture.