« J’aimais l’auteur du livre
de l’Esprit [Helvétius]. Cet homme valait mieux que tous ses
ennemis ensemble ; mais je n’ai jamais approuvé ni les erreurs de son livre, ni
les vérités triviales qu’il débite avec emphase. J’ai pris son parti hautement,
quand des hommes absurdes l’ont condamné pour ces vérités mêmes. » Voltaire,
Questions sur l’Encyclopédie, article « Homme ».
Passage déformé
en 1906 dans The Friends of Voltaire, livre de Evelyn Beatrice Hall écrivant
sous le pseudonyme de S. G. Tallentyre, et résumant ainsi la position de
Voltaire : « I disapprove of what you say, but I will defend to
the death your right to say it »,
ce qui nous est revenu en français. En 1935, elle déclara « Je n’ai pas eu l’intention de suggérer que Voltaire avait
utilisé exactement ces mots, et serais extrêmement surprise qu’ils se trouvassent
dans ses œuvres » (Paul F. Boller Jr. et John George, They never said it : a
book of fake quotes, misquotes, & misleading attributions, Oxford
University Press, New-York, 1989, page 125).
« En général, il est de
droit naturel de se servir de sa plume comme de sa langue, à ses périls,
risques et fortune. Je connais beaucoup de livres qui ont ennuyé, je n’en
connais point qui aient fait de mal réel. […] Mais paraît-il parmi vous
quelque livre nouveau dont les idées choquent un peu les vôtres (supposé que
vous ayez des idées), ou dont l’auteur soit d’un parti contraire à votre
faction, ou, qui pis est, dont l’auteur ne soit d’aucun parti : alors vous
criez au feu ; c’est un bruit, un scandale, un vacarme universel dans votre
petit coin de terre. Voilà un homme abominable, qui a imprimé que si nous
n’avions point de mains, nous ne pourrions faire des bas ni des souliers
[Helvétius, De l’Esprit, I, 1] : quel blasphème ! Les dévotes crient,
les docteurs fourrés s’assemblent, les alarmes se multiplient de collège en
collège, de maison en maison ; des corps entiers sont en mouvement et pourquoi
? pour cinq ou six pages dont il n’est plus question au bout de trois mois. Un
livre vous déplaît-il, réfutez-le ; vous ennuie-t-il, ne le lisez pas. »
Voltaire, Questions sur l’Encyclopédie,
article « Liberté d’imprimer ».