@ Pyrrhos,
Je vais commencer par répondre à la question qui semble le plus vous tracasser vu que vous vous sentez obligé s’utiliser de grands caractères en gras.
Je n’ai aucun intérêt ni pécuniaire, ni familial, ni politique, ni commercial avec la Russie. Je suis un globe-trotter. J’ai gardé beaucoup de contacts par Internet avec des gens (d’Europe, d’Asie, d’Afrique et d’Amérique) qui sont souvent devenus des amis et cela me permet d’avoir occasionnellement leurs avis sur des crises qui secouent leurs pays. Comme ce sont des amis, l’essentiel de nos échanges ne concerne pas la politique mais cela peut arriver. Est-ce clairement dit ?
Concernant la Russie et l’Ukraine, la vérité que l’on découvre sur place est tout-à-fait différente de celle qu’on lit dans les journaux français. Ils ont généralement des correspondants sur place qui fréquentent les milieux d’opposition. Ils ne parlent souvent pas la langue du pays et ne sont pas capables de lire la presse locale. Ne vous attendez pas à trouver une quelconque objectivité dans un article de Pierre Avril par exemple.
Je vous raconte brièvement une anecdote. Je me trouvais en Union soviétique (pour le travail) en 1980, lors des Jeux Olympiques et j’avais sympathisé avec un journaliste ukrainien. Il y avait d’innombrables journalistes de tous les pays en Union soviétique à cette époque et un français lui avait demandé s’il n’avait pas une idée sur un sujet sortant de l’ordinaire. Le journaliste ukrainien proposa de l’emmener pour une journée dans un camps du Komsomol, une organisation de la jeunesse qui marchait relativement bien dans le pays à l’époque. Il déclina l’invitation, le sujet n’était pas assez croustillant et n’intéresserait pas les lecteurs français.
Cela n’a pas changé. Les (de plus en plus rares) lecteurs des journaux veulent du sensationnel, du scandale. Ils ne veulent pas être informés. Ils ont plutôt besoin de lire que c’est pire ailleurs.
Tiens, je vous donne ici un lien vers un article que je viens de lire dans Les Échos. (lien) Vous n’êtes pas obligé de le lire, c’est votre problème, mais l’image que ce jeune entrepreneur a de la Russie est totalement différente de ce que vous en dites.
Le nom de l’auteur de cet article m’avait interpellé. J’ai vérifié sur Internet, il existe vraiment. J’avais d’abord cru à un gag.
Revenons à aujourd’hui, en Russie. Il y a des pauvres. Évidement, la Russie est un pays capitaliste libéral et même plus libéral que la France. Mais il y a de moins en moins de pauvres et le PIB par habitant est d’environ 16.000 $ par an, ce qui est supérieur à pas mal de pays européens. D’autant plus que l’essence coûte aux environs de 0,60 € le litre si je me souviens bien et que le gaz de chauffage est subventionné. Il y a de grands écarts de revenus (comme chez nous) mais la différence (et c’est gênant) c’est que les riches étalent leur réussite avec trop d’ostentation.
En contrôlant les coûts de l’énergie et en les taxant peu, le gouvernement russe redistribue indirectement les richesses du pays aux Russes. C’est plutôt bien, non ?
Pour Vladimir Poutine, vous vous trompez totalement. Il faut d’abord distinguer la politique intérieure russe, qui est très complexe, de la politique extérieure, où il a les mains libres. Il est au sommet d’une pyramide mais ses directives n’arrivent pas à passer vers les étages inférieurs. Le pays est vaste et pas entièrement sous contrôle, la résistance passive est élevée et la corruption difficile à éradiquer. De plus la gestion de la politique intérieure incombe au gouvernement, pas au président.
Sa politique extérieure, avec Sergueï Lavrov, a été remarquable en 2013. Beaucoup de succès diplomatiques et un coup d’arrêt à l’intervention franco-étasunienne qui aurait porté Al-Qaïda au pouvoir en Syrie.
Ma vision de la politique est basée sur le droit et je suis content que Vladimir Poutine et Sergueï Lavrov ont la même conception des relations internationales que moi (et pas l’inverse).
Vous vous trompez totalement avec votre lecture de la Charte des Nations Unies. Le sens du mot « nation » équivaut à État souverain en droit international.
Ensuite, il faut se replacer en 1945 quand elle a été rédigée. Le droits des peuples à
disposer d’eux-mêmes fait allusion à la décolonisation, pas au droit des minorités nationales de faire sécession sur une parcelle d’un pays. Et dans tous les cas, aucune intervention militaire n’est autorisée sans référence au chapitre VII, tous les experts sont d’accord sur ce point.
La Déclaration universelle des droits de l’homme date de 1948 et n’est pas contraignante.
Il s’agit d’un objectif à atteindre par tous les pays sans qu’il n’y ait de date fixée. D’ailleurs, en 1956, pendant la guerre d’Algérie, la France était très éloignée de cette déclaration. Elle a pris son temps pour s’adapter et elle est encore loin d’appliquer tous les articles. Personne ne vient lui imposer de force de les appliquer.
Vous pouvez venir avec toutes vos accusation contre les dictateurs, elles sont sans fondement parce que toutes les guerres occidentales ne sont pas justifiées et elles sont infiniment couteuses en vies humaines.
Les tribunaux internationaux subissent des pressions.
Les experts aussi.
Les mensonges occidentaux du début des conflits sont prouvés ensuite mais pas portés à la connaissance du public.
Les opérations sous fausse bannière sont utilisés et chaque fois les médias complices les rapportent.
Les chefs d’États vaincus sont éliminés ou interdit de parole pour se défendre : Milosevic, Saddam Hussein, Khadafi, Gbagbo.
Il n’est pas obligatoire de renverser des dictatures par la force. Les grandes réussites de démocratisation se sont faites avec pas ou peu d’interventions militaires extérieures. Grèce, Espagne, Portugal, Afrique du Sud, Union soviétique, Amérique du Sud etc.
Cela, c’est ma conception des relations internationales.
Un dernier exemple, juste pour le plaisir et pour que vous puissiez y méditer. L’Uruguay a été une dictature militaire très dure. Il est maintenant classé parmi les démocraties dans le classement de l’indice de démocratie de The Economist alors que la France est classée comme démocratie imparfaite. Surprenant, isn’t it ?
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24/01 09:38 - Pyrrhos
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11/01 11:19 - Pierre
@ Pyrrhos, Je n’ai aucun problème, sauf le temps, pour répondre à ce que vous me (...)
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