D’accord avec vous Papyboom.
La libre expression publique en France est régie par la loi de 1881 sur la presse. Promulguée après de vives luttes pour la liberté d’expression, elle avait réussi à supprimer toute censure, sauf pour certaines restrictions concernant l’ordre public, notamment la diffamation, l’injure et l’incitation à l’émeute. Elle autorisait l’expression publique de toute opinion, y compris des hostilités verbales entre divers courants idéologiques, considérées comme élément essentiel d’une vraie démocratie. Depuis, les gouvernements successifs ont ajouté de nombreuses lois aussi superflues que liberticides. Nous sommes passés, en quelques décennies, d’un ensemble de lois à peu près respectables et nécessaires, à une multitude de lois grotesques et funestes, à une multiplication cancéreuses des lois, qui est, au fait, un aveu de faiblesse consistant à inventer tous les matins de nouvelles lois particulières, parce qu’on ne parvient pas à faire respecter les lois déjà existantes et qui suffiraient amplement à toutes les situations si elles étaient appliquées. Les lois prolifèrent comme des ronces sur le terrain abandonné de l’autorité paternelle, autrement dit, de l’idée même de Loi.

La loi de 1881 suffit pour juger Dieudonné et tous les autres provocateurs, mais, comme Gruni dit dans son article d’aujourd’hui, depuis que le gouvernement s’est arrogé le droit de faire la justice à la place de celle-ci, les deux poids, deux mesures se multiplient : les Femen - OK, Golotha Picnic et Piss-Christ - OK, mais Dieudonné - Non ! On peut détester et critiquer les religions, mais blesser volontairement les croyants me semble bas et stupide. Ce ne sont pas quelques « paires de seins » qui posent problème dans le comportement des Femen, c’est plutôt leur intolérance foncière, leur total mépris pour la foi, la sensibilité et les convictions d’autrui. On ne combat pas une intolérance et un fanatisme par une intolérance et un fanatisme symétriques.