Je me permets de transcrire ici les propos tenus par Philippe Bilger en réponse aux question s de Jean-Jacques Bourdin :
Jean-Jacques Bourdin : Est-ce que la République est sauvée ?
Philippe Bilger : non seulement la République n’est pas sauvée, Mais elle continue à être formidablement dégradée. Lorsque Manuel Valls a décidé d’enclencher ce processus infernal à la mi-décembre, la gauche et la République ont violé quelque chose de fondamental pour les libertés publiques. Est-ce qu’on peut considérer qu’une république est sauvée lorsqu’elle obtient dans des conditions de précipitation absolue, gain de cause pour des interdictions administratives qui sont le contraire de ce que les libertés publiques exigent.
JJB : Le Conseil d’Etat est intervenu extrêmement rapidement, ce qui surprend tout le monde, on l’a déjà dit, c’est une institution gardien du Temple, en quelque sorte ?
PB : Oui, en général incontestable.
JJB : Est-ce qu’on peut dire qu’il existe des liens entre le Conseil d’Etat et le gouvernement, des liens politiques, de connivence ?
PB : Oui. Non, ce ne sont pas les politiques qui désignent les membres du Conseil d’Etat, même si c’est D. De Villepin qui a nommé Bernard Stirn. De toutes manières, on est obligé de considérer les péripéties d’hier comme des signes infiniment troublants. Lorsqu’une décision est rendue sans que l’avocat du mis en cause ait le droit de venir plaider à Paris, on est amené à se demander ce qui s’est passé. … Cette (façon d‘attenter à la liberté d‘expression) va faire de la France une démocratie amputée.