Je pense en effet qu’on ne peut rien dire de valable sur cette question si on ne commence pas par distinguer juif, israélien et sioniste. Mais pour ma part je pense qu’il y a une ambiguïté dans ce vous dites :
un sioniste accepte le principe que l’Etat d’Israël n’appartient
pas à ses citoyens mais au peuple juif tout entier, et l’expression
obligatoire qui en découle est « la loi du retour »
puis
Les
affaires de l’Etat sont du ressort exclusif de ses citoyens – les
détenteurs de la carte d’identité israélienne, dont 80% de juifs et 20%
de Palestiniens israéliens et d’autres.
Alors si je comprends bien un sioniste dit « Israël au peuple juif » et l’Etat d’Israël dit « Israël à tous ceux qui ont une carte d’identité, même les non-juifs ». Mais pour les sionistes, qui sont majoritaires en Israël, l’Etat doit dire « Israël aux juifs », les autres ne seront que tolérés, ils n’auront pas de légitimité a priori à y être. C’est ce fondement rituel et donc non laïque de la citoyenneté israélienne qui pose problème.
Certes il y a beaucoup d’Etats autour qui ne sont pas laïques mais étant donné le caractère artificiel de la fondation de l’Etat d’Israël au XXème siècle, seul un principe laïc de séparation du théologique et du politique aurait pu permettre de le rendre acceptable pour les autres. Le sionisme, même s’il est modéré, me semble donc porteur de passions tristes. Et quoiqu’il se soit passé en 47, force est de constater aujourd’hui que l’application du sionisme conduit à la tristesse et donc à la haine même si ce n’est pas ce que veulent les sionistes.